Chávez par Patrick Chappatte

À peine décédé, que faire de Hugo Chávez ? Ange ou démon, ange ET démon, voilà un cas bien compliqué, comme dirait l’autre…

Ne parlons pas ici de la tentative (ratée) d’embaumement, ni de la question du lieu de son ultime repos : aux côtés de Simon Bolívar ou dans son village natal de Sabaneta, comme lui-même en avait émis le souhait ? Laissons cela aux Vénézuéliens, qui ont pas mal de fer à battre d’ici aux élections du 14 avril.

Penchons-nous plutôt sur Paris… Le journal Metro nous apprend que le Parti de gauche a déposé au Conseil de Paris un vœu proposant de baptiser un lieu de la capitale française du nom de Hugo Chávez. C’est Alexis Corbière, un élu de ce parti, qui a déposé une proposition en ce sens. « Je rappelle que Chávez a été salué à sa mort par le secrétaire général de l’ONU et que 35 chefs d’État étaient présents à ses obsèques, justifie Alexis Corbière. Il est dans la lignée des grands leaders qui ont marqué l’histoire de l’Amérique latine comme Salvador Allende. »

Peu de chances d’adoption

Hugo Chávez et Georges Sarre

Il y a pourtant peu de chances que cette proposition soit adoptée. Anne Hidalgo, première adjointe (PS) au maire de Paris et candidate à la mairie, a clairement pris ses distances avec l’ancien président vénézuélien, stigmatisant publiquement certains aspects de sa personnalité. Les Verts ne semblent pas non plus favorables à l’inscription de Chávez dans la liste des rues parisiennes. « Il faut qu’on en débatte, mais a priori ça sera non, explique Sylvain Garel, co-président des écologistes de Paris. On peut avoir des sympathies mais en faire un symbole de la politique mondiale me semble excessif« .

L’unique soutien du Parti de gauche est l’ancien maire socialiste du XIe arrondissement, Georges Sarre, qui propose de nommer le parvis de la mairie de cet arrondissement, située place Léon Blum, du nom du président défunt du Venezuela. Pourquoi ce lieu ? Parce que c’est là qu’en octobre 2005, Georges Sarre a accueilli Hugo Chávez devant une foule en liesse.

Personnalités contradictoires

Le Parti de gauche a déjà préparé sa riposte en cas de rejet de son vœu. « Je serais surpris que Chávez déclenche une passion particulière, ironise Alexis Corbière. Il y a beaucoup de personnalités que je trouve contradictoires qui ont quand même leur rue à Paris comme Mohammed V (roi du Maroc entre 1957 et 1961) ou Jean-Paul II (pape de 1978 à 2005). Et je ne parle pas de certains antisémites comme Vincent d’Indy ou Jules Lemaître qui ont aux aussi leur plaque dans le XIIe« .

Le Conseil de Paris devrait se prononcer ce lundi 25 mars. En attendant, le quotidien Metro a lancé un sondage parmi ses lecteurs : Êtes-vous favorable à une rue ou une place Hugo Chávez à Paris ? À ce jour, 25.867 personnes ont voté : 33 % sont favorables à la proposition, et 67 % s’y opposent.

Une montagne en Ossétie

Il y en a qui ne s’encombrent pas de tels états d’âme. Selon la radio La Voix de la Russie, une montagne du Caucase devrait porter prochainement le nom de Hugo Chávez. Trente alpinistes d’Ossétie du Nord ont conquis une montagne de 3.695 mètres d’altitude dont le sommet était jusqu’alors resté invaincu. Ils ont adressé une demande aux autorités pour qu’on lui attribue le nom d’Hugo Chávez.

Il faut savoir que le président vénézuélien a joué un rôle important dans la reconnaissance de la souveraineté de l’Ossétie du Sud voisine, le Venezuela ayant été, avec la Russie et le Nicaragua, l’un des premiers et rares pays à reconnaître l’indépendance de ce pays en 2008. Un portrait du dirigeant latino-américain a d’ores et déjà été installé sur le sommet de la montagne.

De Chávez à Sarkozy

L’ex-stade Hugo-Chávez à Benghazi

Enfin, pour la petite histoire, rappelons que, du vivant du président vénézuélien, il existait déjà une rue Hugo Chávez dans la localité de Bireh, au nord du Liban. En 2009, un stade de Benghazi, en Libye, a également été baptisé du nom de Hugo Chávez. Évidemment, les nouvelles autorités libyennes ont tôt fait d’effacer le nom de celui qui appuya jusqu’au bout Mohammed Kadhafi. Selon une information datant de février 2012, on l’aurait rebaptisé, tenez-vous bien, stade Nicolas-Sarkozy !

Décidément, entre anges et démons, rien n’est vraiment simple !