Je vous ai déjà parlé du dessin animé Isla presidencial, version satirique latino-américaine du feuilleton Lost. Dans cette série humoristique, ce sont les présidents d’Amérique latine qui se trouvent perdus sur une île déserte et tentent, individuellement ou collectivement, de s’en sortir.
La première série de cinq épisodes a été diffusée en 2010. Voici que sort maintenant le premier épisode de la seconde série. Afin de s’adapter aux changements qui se sont produits entre-temps à la tête des États, quatre nouveaux personnages débarquent sur l’île : la présidente du Brésil Dilma Rousseff, le président du Pérou Ollanta Humala, le nouvel élu du Mexique Enrique Peña Nieto et le premier ministre espagnol Mariano Rajoy.
Voyez ce nouvel épisode (en espagnol, sans sous-titres, malheureusement) :
Pour ceux qui auraient manqué la première série, la voici dans sa version intégrale :
Comme on le voit, les scénaristes ont dû faire appel à des subterfuges (et à leur imagination) pour représenter l’évolution du monde politique latino-américain durant ces dernières années : Michelle Bachelet, ex-présidente du Pérou, meurt cuisinée par le roi Juan Carlos dans le deuxième épisode ; Álvaro Uribe, ex-président de Colombie, parvient à fuir de l’île et se retrouve à… Cuba ! dans le quatrième épisode ; Mel Zelaya, président déchu du Honduras, meurt aux mains de Juan Manuel Santos, l’actuel président colombien, dans le cinquième épisode ; enfin, Alan García, ex-président du Pérou, José Luis Rodríguez Zapatero, ex-premier ministre espagnol, Lula da Silva, ex-président du Brésil et Fernando Lugo, président déchu du Paraguay, meurent dans le premier épisode de la nouvelle série pour avoir mangé un poisson vénéneux.
Barack Obama en phénix
Pour cette deuxième saison, restent donc sur l’île Hugo Chávez, président du Venezuela, Evo Morales, président de la Bolivie, Daniel Ortega, président du Nicaragua, Cristina Fernández de Kirchner, présidente de l’Argentine, Rafael Correa, président de l’Équateur, Sebastián Piñera, président du Chili, Juan Manuel Santos, président de la Colombie, et le roi d’Espagne Juan Carlos, rejoints par les quatre nouveaux venus déjà cités. Bizarrement, Pepe Mujica, président de l’Uruguay, personnage pourtant haut en couleurs, apparaît à peine dans cet épisode. Enfin, tel un phénix qui règne en silence et peut apparaître à tout moment, Barack Obama intervient indirectement à différents points de la série.
Admirons au passage le talent d’Emilio Lovera, acteur et humoriste vénézuélien qui fait toutes les voix (et tous les accents) de la série. Cette dernière est produite par un groupe de jeunes vénézuéliens réunis autour du site web humoristique Chigüire Bipolar. La production de cinq chapitres est prévue d’ici avril 2013, à raison d’un par mois.
Hugo Chávez en personnage central
Dans cette « île présidentielle », microcosme politique totalement fermé, les présidents débattent donc à qui mieux mieux, sous un mode satirique qui met en évidence les travers de chacun et dévoile en sous-main leur personnalité. Même si le scénario est parfois brouillon, on en apprendra beaucoup sur les rapports de forces, ainsi que sur certains dessous de la politique latino-américaine… Les cas de corruption, le populisme ambiant et les nombreux épisodes teintés de réalisme magique qui ponctuent la politique latino-américaine constituent bien évidemment le ressort de la série, ainsi que la source d’inspiration principale de Isla Presidencial.
Tout au long de la série, Hugo Chávez joue un rôle fondamental, écrasant nombre de ses collègues de sa très forte personnalité (comme dans la réalité ?). Mais que va-t-il se passer dorénavant, maintenant que cet inespéré personnage central se trouve malade et affaibli ? Pour les prochains épisodes, la série va devoir sans aucun doute réviser ses fondements et ses mécanismes.
Tout comme, dans la réalité, devra le faire la politique latino-américaine.
Il faut voir ça ; je vais l’envoyer à mes amis hispanophones aussi .
MAIS il manque aussi Raul Castro …enfin il est déjà sur une île alors peut-être hors concours …