
Auguste Morisot (debout, au centre) et l’équipage sur l’Orénoque. Rancho Cabirima, 6 décembre 1886 (photo de Jean Chaffanjon)
Auguste Morisot est presqu’un mystère. Il n’a pas la chance d’avoir sa biographie sur Wikipedia, c’est tout dire… et l’on n’obtient que quelques renseignements sur sa vie au hasard du Net.
Au Venezuela, c’est à peine si on savait de lui qu’il avait participé à l’expédition que l’explorateur Jean Chaffanjon entreprit sur l’Orénoque en 1886-1887. En France, on retient surtout son œuvre d’artiste et de décorateur. Mais éclipsé par l’autre Morisot, Berthe, et se tenant volontairement à l’écart des salons, il est cantonné dans la catégorie des « petits maîtres ».
Auguste Morisot naît à Seurre, en Bourgogne, le 12 avril 1857, dans une famille d’origine modeste. Sa jeunesse n’est guère très heureuse. Très tôt orphelin de père, maltraité par son beau-père, il est confié à une tante. Avec son frère aîné, il monte très jeune à Paris, où il est engagé dans un atelier qui travaille la soie. Pendant quelques mois, il voyage aussi en Angleterre, où il apprend la langue.
Pacte d’amour
Mais Auguste est un artiste dans l’âme. En 1880, à l’âge de 23 ans, il retourne dans sa région, à Lyon, et s’inscrit à la célèbre École des Beaux-Arts de cette ville. Là, il rencontre Henry Page, fils d’un riche industriel qui avait pour coutume d’inviter dans sa riche demeure, chaque dimanche, les artistes et intellectuels de la région. Auguste Morisot participe régulièrement à ces salons improvisés. Il tombe amoureux de la fille aînée des Page, Pauline, et fait avec elle un pacte d’amour qui reste secret. Les conventions de l’époque interdisent en effet la relation entre un jeune homme d’origine modeste et une jeune fille de la bonne société.
Auguste doit donc terminer ses études et grimper dans l’échelle sociale s’il veut être accepté par la famille Page. Une belle occasion se présente en octobre 1885, alors qu’il vient juste de recevoir son diplôme de l’École des Beaux-Arts : l’explorateur lyonnais Jean Chaffanjon est à la recherche d’un jeune dessinateur pour l’accompagner dans son expédition sur l’Orénoque, financée par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Pour sélectionner l’accompagnateur, la Chambre de Commerce de Lyon organise un concours doté d’une bourse de 12.000 francs.
Prestige et fortune
Auguste et Pauline voient là le moyen d’obtenir rapidement ce qui manquait au jeune homme : le prestige et la fortune. Auguste décide donc de participer au concours et s’entraîne pendant deux mois à dessiner des plantes et des fleurs. Malheureusement, la Chambre de Commerce, sans donner d’explications, annule le concours. Qu’à cela ne tienne : Auguste prend l’initiative de rencontrer personnellement Jean Chaffanjon et lui offre de l’accompagner comme dessinateur, sans rémunération autre que les frais de voyage et de maintenance. L’explorateur accepte cette offre et le 28 janvier 1886, les deux hommes signent un contrat précisant les conditions de leur collaboration : les publications seront signées conjointement et les bénéfices éventuels de l’expédition sont divisés à parts égales.
Le 6 février, les deux hommes s’embarquent de Saint-Nazaire à destination de la Martinique. Près d’un mois plus tard, ils s’embarquent pour La Guaira, au Venezuela, où ils accostent le 18 mars 1886. L’aventure commence…
Source : Diario de Auguste Morisot, 1886-1887. La apasionante exploración de dos franceses a las fuentes del Orinoco, Bogotá, ed. Planeta, 2002.
Passionnante ,,cette histoire de Morizot , un roman … mais ça s’arrête bien trop vite . Il faut absolument la suite …
Le début d’une vraie novela, en effet. La suite, vite !
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