Artistique/Aventureux/Créatif/Epoustouflant/Historique

Auguste Morisot, peintre de l’Orénoque (II)

Amanecer en el cerro Yapacana

Amanecer en el cerro Yapacana (Amazonas)

Première partie de l’article

À peine débarqué au Venezuela, Auguste Morisot est fasciné par  l’exubérance des Tropiques. Les couleurs, les odeurs, le climat, les types humains, les paysages, tout le surprend dans ce nouveau monde qui s’offre à lui. Bien que son travail en tant que dessinateur officiel de l’expédition l’oblige à dessiner uniquement des fleurs et des animaux, il dessine sans relâche portraits, paysages et scènes de la vie quotidienne. Parallèlement, il tient un journal dans lequel il décrit scrupuleusement tous les détails de son expérience tropicale.

Un tel enthousiasme lui vaut même les quolibets de Jean Chaffanjon, un homme au caractère plus réservé, dont c’était le second voyage sur ces terres tropicales. Du reste, les deux hommes, dont les personnalités sont très différentes, définissent très tôt leur relation : il y aura bien collaboration entre eux, mais non une véritable amitié. Tout au long des quatorze mois que durera l’expédition (dont neuf mois passés dans des conditions très difficiles), ils maintiendront leurs distances, n’arrivant même pas à se tutoyer.

Par contre, la présence de Pauline est constante dans les pensées de Morisot, ainsi que dans ses lettres et dans son journal. Après tout, c’est pour elle qu’il s’est embarqué dans pareille aventure. Elle restera, dissimulée derrière les dessins et les mots, le troisième personnage de l’expédition.

Contre les éléments

Le 2 avril 1886, les deux français quittent Caracas pour Ciudad Bolívar, la grande ville sur l’Orénoque. C’est de là qu’ils comptent remonter le fleuve jusqu’à sa source. Mais trouver une embarcation n’est pas facile : l’approche de la saison des pluies et les risques de l’entreprise font reculer plus d’un capitaine. Ils resteront deux mois dans la ville, mettant à profit cette longue période d’attente pour récolter et dessiner des spécimens de la flore et de la faune.

Finalement, le 11 juin, les deux hommes parviennent à quitter la ville sur une embarcation qui doit remonter l’Orénoque avec des marchandises jusqu’à la petite localité de Caicara. De là, ils trouvent, non sans difficulté, une autre embarcation qui accepte de les emmener à San Fernando de Atabapo, dans le Haut-Orénoque. Le voyage n’est pas de tout repos : ils doivent lutter contre les éléments : le mauvais temps, les vents contraires, les rapides d’Atures et Maipures, sans compter les vols et les désertions de plusieurs membres de l’équipage… Tous deux souffrent de fréquentes attaques de malaria. Auguste Morisot est gravement touché, à tel point que la rumeur de sa mort parvient jusqu’en Europe, causant la consternation parmi sa famille et ses amis.

Le plus dur reste à faire

Le 17 octobre, l’expédition arrive à San Fernando de Atabapo. Ils ont mis quatre mois pour effectuer un trajet qui se fait en un mois et demi en saison sèche. Le plus dur reste à faire : continuer à remonter le fleuve dans une région jusqu’alors à peine explorée. Le 4 novembre, ils reprennent l’expédition sur une autre embarcation, plus petite, et avec un nouvel équipage. À nouveau, ils doivent affronter la faim, les désertions, l’hostilité et les mutineries de l’équipage.

Finalement, le 15 décembre, il franchissent les rapides Guaharibos et installent leur campement à Peñascal. Plus haut, les nombreux rochers interdisent le passage de leur embarcation. Jean Chaffanjon demande à Morisot de rester là, pour surveiller le bâteau et les équipement, tandis que lui s’embarque sur une curiara (pirogue) accompagné de deux personnes. Trois jours plus tard, l’explorateur revient, en assurant, triomphant, qu’il a découvert les sources de l’Orénoque. On saura plus tard qu’il n’en était rien…

Expédition de Jean Chaffanjon au Venezuela  1886 1887

Itinéraire de l'expédition de Jean Chaffanjon au Venezuela, 1886-1887

Le retour est beaucoup plus rapide : le 10 avril 1887, ils sont de retour à Ciudad Bolívar, au terme d’une expédition qui aura duré neuf mois. Là, les deux français se séparent : Jean Chaffanjon reste deux mois de plus dans la ville, tandis qu’Auguste Morisot s’embarque immédiatement vers la France. Trois semaines plus tard, il arrive à Lyon, via Marseille.

Des centaines de dessins

Que rapporte-t-il de cette expédition ? Des centaines de dessins qui illustrent de main de maître son extraordinaire aventure :  des scènes de la vie quotidienne –avec une particulière attention pour les diverses populations indiennes rencontrées–, des portraits, des paysages, des images de l’expédition elle-même, des dessins plus scientifiques illustrant la faune et la flore… En tout, prés d’un millier de pièces qui viennent nous donner une idée vivante de ce qu’était le Venezuela de cette époque, en particulier le long de cet énorme fleuve qu’est l’Orénoque.

Voici une courte sélection de dessins qu’il a rapportés de son voyage sur l’Orénoque (Cliquez sur une image pour voir le carrousel) :

La vie d’Auguste Morisot ne se termine pas avec son retour en France. Il n’a alors que 30 ans, il vivra jusqu’à l’âge de 90 ans ! Mais on peut affirmer sans crainte de se tromper que les quatorze mois passés au Venezuela auront été décisifs dans sa vie, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. L’Orénoque aura même eu le pouvoir de transformer l’homme sur le plan spirituel. Cette autre histoire fera l’objet du prochain chapitre.

Sources :

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4 réflexions sur “Auguste Morisot, peintre de l’Orénoque (II)

  1. Je sais, c’est hors sujet, mais c’est un cas de force majeure : « Que tous les opposants à Sarkozy éteignent leur télé ce soir pendant le Sarkoshow ! Qu’on se le dise ! »

  2. Chers Messieurs, Je suis l’historien qui a eu l’honneur et le plaisir de mener l’enquête et les procédures qui ont pu, grâce à la Fondation Cisneros au Venezuela, que l’œuvre d’Auguste Morisot, le compagnon de l’ingrat et sans scrupules Jean Chaffanjon a été connue bien qu’il ait été publié en castillan. Il était très gratifiant de lire la critique de la Revue et les circonstances de l’artiste peintre et je vous félicite pour l’effort et l’intérêt démontré sur leur site web. Je dois dire, cependant, qu’ils omis de mentionner que sa publication destinée à cet écrivain, une tâche ardue de la compilation des matériaux originaux, les textes manuscrits ou dactylographiés pour une année entière pour obtenir un travail au plus près du désir de l’auteur . Je vous informe que, J’ai également une biographie de Morisot a fait remarquer que peut-être quelqu’un en France sera publié dans une édition bilingue. Cordialement. Alvaro A. García-Castro

    • Heureux de savoir que vous avez lu mes articles qui n’ont d’autre objectif que diffuser à mes lecteurs des informations restées trop souvent confidentielles. C’est le cas de l’histoire d’Auguste Morisot, un personnage du reste très attachant.

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