Désolant/Pratique

Ipostel, la poste en panne

Ipostel, la poste du VenezuelaIpostel, l’Institut postal télégraphique du Venezuela (service public), a adopté pour slogan, il y a quelques années, Revolucionando el correo [Révolutionner le courrier]. Il s’inscrivait par là, en une sorte de jeu de mots, dans le sillage de la révolution bolivarienne prônée par le gouvernement.

En guise de révolution, on est servi… Pour vous illustrer le propos, je vous fais part d’une petite anecdote qui m’est arrivée la semaine dernière. Je devais envoyer une lettre au Canada. Je me rends donc au bureau d’Ipostel de ma ville. En arrivant, il n’y a personne derrière le guichet, tandis que trois employées conversent allègrement en arrière. Je demande si le bureau est ouvert. Oui oui, me répond-on, et l’une des personnes s’approche (sans trop se presser) du comptoir.  Je lui présente ma lettre, que je veux envoyer en recommandé. Jusque là, rien que de très normal, la routine…

Suspension de service

L’employée examine la lettre, la soupèse, tombe sur l’adresse du destinataire.  « Ah non, on ne peut pas faire des envois au Canada« . « Aaah, et pourquoi cela? » « Pour l’étranger, on n’envoie pour l’instant qu’en Europe et en Asie. Mais on ne fait pas d’envois vers l’Amérique ni vers Afrique » « Ah bon, je n’avais jamais vu cela, c’est étrange. Et quelle en est la raison? » « C’est pour restructurer le service. On n’envoie pas dans ces régions pendant 90 jours, à partir du 25 septembre. Tenez, voyez la communication officielle« .

Sur la vitre du guichet, il y a effectivement un avis qui explique cette suspension du service en direction des Amériques et de l’Afrique pour une durée de trois mois. Du jamais vu !

Je demande alors si le service EMS (Express Mail Service) fonctionne. Eh bien non, je dois déchanter, la suspension affecte aussi ce service, pourtant lui aussi officiel et public. Il ne me reste donc qu’à me retirer du bureau et à trouver une alternative d’envoi à travers un service de messagerie privé, très cher et pratiquement aussi inefficace.

Ipostel, services postaux au Venezuela

La révolution dans le courrier

On savait depuis longtemps (en fait, depuis bien avant que Hugo Chávez n’arrive au pouvoir) que la poste vénézuélienne ne se caractérisait ni par son efficacité, ni par sa fiabilité, et encore moins par sa célérité. Mais là, cela dépasse les bornes : c’est un véritable déni de service. Je me demande d’ailleurs si une telle interruption de service ne va pas à l’encontre des règlements et normes de l’Union postale universelle, dont le Venezuela est membre depuis… 1880. Que je sache, un service public doit être offert par définition sur une base constante et permanente. Mais bon, il faut se faire une raison, on est au Venezuela…

Kafka, réveille-toi !

Afin d’épicer encore la chose, je vous donne quelques détails concernant l’envoi de cette lettre par le biais d’une messagerie privée. Sachez que j’ai dû successivement :

  • ouvrir l’enveloppe pour montrer quel était son contenu
  • laisser l’enveloppe ouverte car, selon le contrat passé avec l’entreprise, le contenu peut en être contrôlé à tout moment (l’enveloppe originale est tout de même glissée dans une enveloppe plus grande)
  • signer un document émis par l’Office national anti-drogues par lequel je déclarais que l’enveloppe ne contenait aucune substance illicite, et y apposer les empreintes de mon pouce et de mon index de la main droite
  • signer un autre document émis par le SENIAT (Service National intégré d’administration douanière et tributaire), par lequel je déclarais que le document ne contenait pas de chèques ou d’argent comptant pour une valeur de plus de 10.000 dollars, puis y apposer également mes empreintes digitales
  • payer l’équivalent d’une vingtaine de dollars

Un grand bravo donc (adressé à la fois à l’entreprise et au gouvernement) pour l’exceptionnel respect du secret de la correspondance et de la vie privée !

Et en guise d’épilogue, sachez que six jours ouvrables après l’envoi de la correspondance, celle-ci n’est pas encore arrivée à son destinataire. On m’avait pourtant promis-juré qu’en quatre jours ouvrables au maximum, le courrier arriverait à destination.

Kafka, réveille-toi, et viens faire un tour au Venezuela !

5 réflexions sur “Ipostel, la poste en panne

  1. Hélas ! Nous avons nous-même abandonné l’échange de courrier écrit avec le Venezuela depuis de nombreuses années déjà… Courriel et webphone sont là, heureusement.

  2. Souvenir d’un envoi depuis le Venezuela. Un colis envoyé à Noel vers la France pour éviter de trimbaler trop d’affaires. Une dizaine de kilos. Pas de service pour le faire, obligé d’utiliser UPS. Résultat, le carton est arrivé dans un état catastrophique en France au mois d’avril. Après enquête, il s’avère que pour aller en France il été passé par le Brésil, le Canada, les Etats Unis, de nouveau le Canada puis la Belgique et enfin les Pays Bas et la France. Comble de l’absurdité : le tarif d’envoi du colis était supérieur au total de la valeur de l’intérieur du colis.
    Heureusement qu’il y a twitter !

  3. Ce service n’a jamais marché…j’ai perdu le compte du nombre des lettres envoyées depuis la France et arrivées ouvertes ou jamais arrivées au Venezuela……..la dernière c’est une lettre qui a été retournée avec l’indication n’habite plus l’adresse indiquée…..absurde……heureusement le net et le téléphone des prestataires français de réseaux net permettent de communiquer facilement et bon marché

  4. Bonjour

    Je suis victime des services d’Ipostel
    Ayant commandé un livre en novembre 2012, colis expédié début décembre.
    En avril 2013 le colis était toujours aux douanes Vénézuélienne
    (envois en EMS pour l’Europe)
    Bref je trouve cela incroyable!
    Je pense que je ne verrais jamais ce colis.

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