Hugo Chávez absent des images (il n’est plus apparu en public depuis le 10 décembre dernier) mais très présent dans l’actualité, les médias se sont évertués à trouver des subterfuges pour illustrer les très nombreux articles que réclame une actualité toujours mouvante.
Depuis le départ de Hugo Chávez pour La Havane pour y subir une nouvelle opération, deux thématiques ont essentiellement illustré la une des journaux, magazines et sites web : la première montrait les partisans du président chargés d’émotion, voire en pleurs (voyez cet exemple dans Le Figaro) ; la seconde montrait des affiches, peintures murales ou graffiti dédiés à Chávez. Dans les deux cas, une manière de montrer que l’absent était bien présent dans tous les esprits, tant ceux de ses partisans que de ses détracteurs.
Si vous le voulez bien, intéressons-nous de plus près aux peintures murales (qui sont un de mes dadas de longue date). Mine de rien, la publication de ces photos de rues dans la presse internationale nous a valu une très belle collection de photos sur ce thème. En effet, les photographes des agences de presse ont rivalisé d’originalité pour montrer cette facette spécifique de la révolution bolivarienne : Chávez représenté sur les murs de la ville.
Un classique obligé
Ne croyez pas que c’est chose facile : une peinture murale prise telle quelle est un sujet mort. Pour le rendre attrayant, il faut lui ajouter un soupçon de vie. C’est le plus souvent un piéton passant par là qui fait l’affaire. Mais ce peut être aussi une moto, un groupe d’enfants. Une fois repérée la peinture murale, il faut encore savoir attendre patiemment l’évènement minuscule qui mettra en valeur la peinture murale : le passage fortuit d’une personne intéressante, celle qui apportera un petit plus à la photo. Il faut aussi savoir déclencher au bon moment : coordonner le déclic avec le pas de la personne, saisir son expression, et espérer que le passant ne dissimule pas une partie essentielle de la peinture murale au moment où toutes les autres conditions sont réunies…
La peinture murale avec piéton est ainsi devenue un classique obligé pour illustrer le moment historique que vit actuellement le Venezuela : la transition du chavisme avec Chávez au chavisme sans Chávez… ou au Venezuela sans chavisme…
Je vous ai concocté un florilège de photos sur le thème. La galerie vous montrera comment la révolution bolivarienne se représente sur les murs : héroïsme, courage (thèmes sempiternels de toutes les révolutions), mais aussi émotion, amour –car telle est la particularité du processus socio-politique vénézuélien : Hugo Chávez lui-même insuffle mille émotions dans sa relation toute spéciale avec son peuple.
Cliquer sur une photo pour faire défiler les clichés en grand format
Il y a une expression ici : « tenir les murs » , ce qui signifie en campagne électorale que ses affiches tiennent sur les murs , au lieu que ce soit celles des adversaires politiques .
L’impact visuel des murs est une des choses qui frappent le plus quand on voyage , tandis qu’il devient comme allant de soi pour un habitant du pays .
Il imprime une image du pays , comme un paysage typique .
Débarquant à Roissy , on a les pubs des marques luxe et puis sinon les marques omniprésentes , ce qui n’a rien d’anodin , les antipubs en savent quelque chose quand ils sont pris par la Police à s’y attaquer .Il y a bien un langage politique mural . Ici il est cadré et privatisé sur les panneaux publicitaires : les grosses marques tiennent les murs et l’espace public à 2D .
Ici les tags ou fresques murales apparaissent comme une expression contestataire .bien que n’évoquant que rarement un thème politique explicité.
Au Mexique je me souviens des fresques murales au moment de l’élection de Salinas De Gortari : rien à voir avec celles sur Chavez mais elles s’adressaient au peuple ( los obreros con el PRI )
Dans les pays socialistes , c’est ce qui donnait le La : fresques de Marx et Engels , évoquant le socialisme , slogans « Vive l’amitié avec le peuple soviétique » ( en RDA) « vive la paix et l’amitié entre les peuples » et ce aux endroits les plus inattendus .
Ce qui rend visible l’idéologie .
A l’inverse , l’idéologie se masque ici : l’exode rural ,a dévalorisé les terres agricoles et ouvert tout le territoire aux capitaux , mais le paysage rural varie peu , à part le vide total de population ( qui frappe un étranger en visite ) les campagnes sont désertes sur 300km à l’Est de Paris .et à peu près autant dans les autres directions On y lit néanmoins quelques slogans contre la PAC .
En tout cas , de bien belles fresques au Venezuela , pas si étonnant avec un témoignage affectif spécifique marquant .Toutes ces fresques sont pour Chavez .