Lors d’une de mes rares cavales à Caracas, je suis tombé, en pleine autoroute urbaine, sur cette affiche géante qui disait :
Mister Danger, déjanos hacer el amor y no la guerra
Ce qui se traduit par : « Mister Danger, laisse-nous faire l’amour, pas la guerre » (très années 70, comme vous voyez). En guise de signature, l’affiche conclut : El Bravo Pueblo es jóven (Le peuple brave est jeune : allusion au Bravo Pueblo de l’hymne national en même temps qu’appel à la jeunesse vénézuélienne). Inutile d’ajouter que l’affiche est officialiste et fait partie d’une campagne gouvernementale, peu avant les élections.
Mais qui est ce Mister Danger? On se prend à s’interroger. Mais pour un Vénézuélien, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : il s’agit de George W. Bush et de nul autre.
On connaît la relation très spéciale qui unit Hugo Chávez et l’actuel président des États-Unis. Lors de la dernière assemblée générale des Nations-Unies, l’année dernière, le premier n’a pas hésité à traiter le second de diablo. Il ajoutait même qu’à la suite du passage, la veille, de George Bush à la même tribune, « cela sentait toujours le soufre »!
Je n’énumérerai pas ici la collection de surnoms et d’injures que Hugo Chávez destine ainsi à W. Cela fait partie, déjà, du folklore vénézuélien. Toutefois, il y a un surnom qui se détache du lot et est devenu franchement populaire : Mister Danger.
Pour le président vénézuélien, George Bush est en effet l’homme de tous les dangers, le fauteur de guerre absolu, le s’en-va-t-en guerre inconscient, l’ennemi public numéro un de l’humanité… En un mot : Mister Danger!
Au-delà de l’injure, Hugo Chávez ne se lasse pas de défier, avec un clin d’œil gros comme ça, son homologue étatsunien : un jour, il ridiculise le pauvre score électoral de ce dernier, le comparant à ses soixante et quelques pour cent; un autre jour, traitant George Bush de « cadavre politique », il le met au défi de rester au pouvoir aussi longtemps que lui (soyons justes : la constitution des États-Unis ne permet pas la réélection indéfinie, ainsi que voudrait l’introduire Chávez dans sa propre constitution…).
Et puis il y a cette perle, lancée récemment dans une interview qu’il accordait à la célèbre journaliste Barbara Walters de ABC News : « Si j’étais candidat présidentiel aux États-Unis, je gagnerais l’élection! ».
Plutôt pince-sans-rire, Hugo Chávez!
> Reportage et interview de Hugo Chávez par Barbara Walters (en anglais)
Mr Danger c’est bien sur le gringo proprietaire de terre dans le beau roman de romulo gallegos « doña Barbara » (que j’ai lu en français par flemme..)
Aah, j’ai lu ce livre il y a longtemps et j’avais oublié ce détail. Merci de nous le rappeler!