Aventureux

Petit incident de parcours

Incident de parcours

L’attente

L’envoyé spécial de L’Humanité au Venezuela vient justement de publier un article sur les affres de la circulation dans le pays. Le voyage le plus simple reste ici une aventure. Histoire de vous mettre en conditions, je vous en offre quelques extraits :

Le Venezuela, c’est aussi une question de distances. Le pays est immense, et les trajets se comptent en heures, et non pas en kilomètres. Des estimations tout au plus, car les impondérables sont, comme partout ailleurs, nombreux: embouteillages monstres, en raison d’une panne, d’un accident, d’un cheval sur la route, des travaux de réfection même au milieu de la nuit, des voies défoncées, et parfois coupées lors de fortes précipitations.

Conduite libre et acrobatique

L’autre variable est incontestablement la vitesse. En théorie limitée, culturellement, surtout si l’on dispose d’une bonne voiture, il est de mise et de bon ton de rouler à plus de 150 km/h. Avaler les kilomètres afin de rester le moins longtemps possible sur la route. Un ralentissement quelconque, et le voyage s´éternise… Sur le réseau routier, généralement de bonne qualité, la conduite est très libre, et acrobatique: un nid de poule, et nous voici sur la voie de gauche; un véhicule trop lent est dépassé tantôt à droite, tantôt à gauche, selon la voie dégagée. Les camions, chargés à satiété, ne connaissent pas davantage les limitations d’usage et de prudence. Le ronronement du moteur devient bientôt répétitif et routinier pour le passager, contrairement aux paysages qui évoluent graduellement: des « llanos » de l’Etat de Portuguesa aux sommets andins des Etats de Táchira et de Mérida.

La poétique monotonie du voyage est à peine interrompue par quelques contrôles policiers fixes. Dans ceux frontaliers avec la Colombie, il nous est déconseillé de circuler de nuit. Des groupes paramilitaires, venus de Colombie, se livrent aux trafics de drogue, carburants, etc. (au Venezuela, 32 litres d’essence valent moins d’un dollar, alors que le litre d’eau minérale en vaut environ 39, aux enlèvements, pour tenter de provoquer une nouvelle crise, au moment où les relations entre le gouvernent chaviste et celui du président colombien Santos se sont normalisées.

En ville, la moto souvent importée de Chine, fait irruption à tout instant, à contresens, et à grand renfort de klaxon.

Justement, à propos de voyage, il vient de m’arriver une petite aventure que les photos ci-dessous tentent d’illustrer. Je revenais des Pueblos del Sur, un groupe de villages andins de l’État de Mérida, retirés du monde par des routes tout en lacets et précipices. C’était la fin d’après-midi. Il pleuvait à flots depuis le matin, même dans la zone désertique qui concluait le trajet. Une pluie dans ce lieu, c’est rare, et d’autant plus dangereux : faute de couverture végétale, les pierres se détachent de la montagne et s’écrasent sur la route. Il faut donc avoir un œil de plus, dirigé vers le haut, pour s’assurer que le passage est sans danger. La route, elle, était transformée en torrent.

Le soir tombait déjà. De lacet en lacet, nous avons vaincu les pierres roulantes et les flots rugissants. Un gros ouf de soulagement !  Mais quelle ne fut pas notre surprise, au bas de la longue descente, de voir, arrêtées le long de la chaussée, une file de voitures. Tout à fait insolite sur une route généralement presque déserte. La cause de ce brouhaha ? Un fleuve de boue s’était déversé sur la chaussée, empêchant tout passage, même de véhicules 4X4.

Un choix cornélien

Échange de palabres entre les conducteurs présents : il s’avère bien qu’aucune machine ne se présentera sur place avant le lendemain matin. Ce que confirment les deux pompiers arrivés sur place une quinzaine de minutes plus tard. Pour les personnes bloquées, le seul choix consiste donc à passer la nuit dans la voiture ou bien à faire demi-tour jusqu’au premier village, dans l’espoir d’y trouver un hébergement. Soucieux d’avoir un minimum de confort, nous avons opté pour la seconde solution.

Seulement voilà, il fallait à nouveau franchir, cette fois dans l’obscurité complète, le long secteur de chute de pierres. Heureusement, la pluie avait déjà faibli et les risques étaient moindres. Nous avons lâché un second soupir de soulagement une fois parcouru en sens inverse le passage dangereux. Il restait alors une bonne heure de route sinueuse pour atteindre San José, le premier village.

Pas de chance, la meilleure auberge affichait complet ce soir-là. Il fallut donc nous contenter d’une chambre rudimentaire dans une auberge tout aussi rudimentaire. Mais au moins, nous ne dormions pas dans la voiture ! En fait de repas, nous avons partagé les quelques biscuits secs qui nous restaient, car de restaurant dans le village, point.

Affamés et épuisés

Le lendemain matin, pas de petit déjeuner non plus. En absence d’itinéraire alternatif, retour vers Mérida par la même route. À notre arrivée au bas de la descente, vers 8 heures, les véhicules du soir précédent étaient toujours là, la montagne de boue également ! Mais il ne fallut attendre qu’une quinzaine de minutes pour que se présente sur les lieux une « machine », comme on désigne ici les engins servant à déblayer les routes.

Celle-ci se mit à travailler immédiatement. Il fallut encore attendre une heure pour qu’elle termine le travail. Voilà pourquoi, au lieu de rentrer chez nous le soir à 20 heures, nous sommes arrivés le lendemain vers 10 heures du matin, complètement affamés et épuisés, après avoir passé une nuit inconfortable et franchi à trois reprises la côte de tous les dangers.

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