J’ai été plutôt absent de ce blogue depuis quelque temps. Et pour cause : l’avant-dernier dimanche (comme les lecteurs assidus l’auront remarqué, j’écris surtout les fins de semaine), panne de courant toute la journée dans mon quartier. Pas de bol! Et ce dernier week-end, voyage dans les Pueblos del Sur de l’état de Mérida, pour des raisons professionnelles.
Professionnelles? Entre autres! Car le soir tombé, je suis allé au bal. Au bal du curé !
Explication : le village de Mucuchachí organisait samedi des festivités au profit de son curé. L’argent recueilli devait permettre de payer la réparation de la vieille Toyota du padre, déjà bien malmenée par les années. Le curé étant censé quitter bientôt le village pour s’occuper d’une autre paroisse, c’eut été, en quelque sorte, un beau cadeau d’adieu.
Car on l’aime bien à Mucuchachí, le curé. Toujours à l’écoute des gens, jeune, dynamique, il joue à la perfection le rôle social que l’on attend de lui. Et puis ses messes sont loin d’être ennuyeuses : tel un pasteur évangélique, ses prêches sont vibrants et, entre deux prières, il joue lui-même de la guitare depuis l’autel.
Le cadeau du gouverneur
Mais revenons au bal, un « p’tit bal de village », version vénézuélienne. Il avait lieu à l’air libre, sur la place Bolívar, à quelques enjambées de l’église. La population –la jeunesse surtout, évidemment, mais aussi les « huiles » locales– avait répondu présent. La bière coulait à flot. Les groupes de merengue campesino invitaient à la danse. Du bon temps pour tout le monde.
Seulement voilà : entretemps le gouverneur de l’état de Mérida (chaviste) avait eu vent de l’état pitoyable de la Toyota du curé. Et ne voilà-t-il pas qu’il déniche un véhicule (une gageure par les temps qui courent au Venezuela) et l’offre au curé de Mucuchachí? Et pas n’importe quel véhicule : une Toyota Landcruiser 4.5, un modèle qui n’est plus disponible sur le marché pour le commun des mortels depuis que le gouvernement a interdit la commercialisation de véhicules de plus de 3 litres de cylindrée. Seules les institutions gouvernementales y ont accès. Merci, monsieur le Gouverneur!
Du coup, l’argent recueilli lors du bal devra être utilisé à autre chose. Pas de problème : il servira à l’entretien de l’église, ainsi en a décidé spontanément le village.
Le diable sous la soutane
L’histoire pourrait paraître banale. Elle ne l’est pourtant pas tellement dans un pays qui se targue de construire le socialisme bolivarien, et dont le chef d’État n’entretient pas de bonnes relations –c’est le moins que l’on puisse dire– avec l’Église catholique. Hugo Chávez –c’est évidemment de lui qu’il s’agit– a été jusqu’à dire de l’archevêque de Mérida qu’il avait le diable sous la soutane !
Dans le pays profond (Mucuchachí se trouve à quatre heures de route de Mérida), tout cela ne tient pas. Les Pueblos del Sur ont voté démocrate-chrétien depuis des dizaines d’années. Les curés se sont érigés en véritables leaders dans les villages. Ce sont eux, notamment, qui ont été à l’origine de la construction des premières routes de la région, dans les années 50 et 60 du siècle dernier.
Ce n’est pas le chavisme qui va changer cela en profondeur. Bien sûr, tous les villages votent rouge (chaviste) et suivent le grand mouvement social qui secoue le Venezuela depuis dix ans. Et pour cause : depuis que Hugo Chávez est en place, ils bénéficient de plus d’écoles, de dispensaires, de télécommunications, d’aides directes ou indirectes… Mais on ne peut s’empêcher de penser que cette adhésion reste superficielle, parfois même carrément opportuniste. Car le curé vaut plus, là-bas, que n’importe quel homme politique.
C’est cela sans doute qu’a compris le gouverneur. En offrant une voiture au curé, il s’assurait de la fidélité du peuple de Mucuchachí pour les mois et les années à venir… Pas mal joué !
vaux mieux Chavez que l’ eglise rappellez vous le nombre d ‘indiens qu elle a massacree CETTE EGLISE !!!!