Une fois n’est pas coutume, je me lance aujourd’hui dans un article sur la gastronomie vénézuélienne. Une gastronomie simple et saine, parfois fruste, qui reste proche de ses racines rurales ou indigènes.
Un des mes plats préférés est sans aucun doute la cachapa. Il s’agit tout simplement d’une galette de maïs tendre, une sorte de crêpe épaisse que l’on déguste généralement farcie de fromage frais. Ainsi combiné, le plat possède une saveur sucrée-salée qu’affectionnent particulièrement les Vénézuéliens.
Originaire des Llanos, les grandes plaines agricoles du sud du pays, la cachapa est devenue un plat national, au même titre que l’arepa (petit pain de maïs), la hallaca (mélange de viandes et légumes entouré de pâte de maïs et emballé dans une feuille de bananier pour une cuisson à l’eau) ou le pabellón (plat composé de viande émincée, de fèves noires, de bananes plantains, de riz et de fromage).
Une recette simple
La confection d’une cachapa n’a rien de sorcier. En voici la recette : égrenez le maïs, qui doit être jeune et tendre. Passez les grains au mixeur pour obtenir un mélange liquide mais encore légèrement granuleux. Si nécessaire, ajoutez un peu de lait pour obtenir la consistance voulue, coulante mais épaisse. Ajoutez un œuf battu pour lier le mélange, une pincée de sel, ainsi que du sucre (brun de préférence) à votre convenance.
Étendez une louche du mélange obtenu sur un budare (sorte de poêle plate en fonte) préalablement enduit d’huile, ou, à défaut, dans une poêle. Laissez dorer sur une face, puis retournez.
La cachapa ne serait que l’ombre d’elle-même sans un bon queso de mano (fromage fabriqué à la main). Au moment de servir, placez un queso de mano à l’intérieur d’une cachapa pliée en deux. Laissez sur le budare jusqu’à ce que le fromage commence à fondre. Servez la cachapa bien chaude, accompagnée d’une agua de panela con limón (eau de sucre de canne au citron). Délicieux ! (À défaut de queso de mano, difficile à trouver hors du Venezuela, on pourra utiliser un fromage blanc doux de type mozzarella ou encore un feta.)
Un autre classique
Le queso de mano est un autre classique de la gastronomie vénézuélienne. Il s’agit d’un fromage blanc frais de pâte filée. Le caractère filé de ce type de fromage s’obtient en malaxant à la main le lait caillé cuit dans l’eau à 90°C. Le résultat obtenu est un fromage plat de forme ronde, de texture douce et élastique, qui a tendance à se décomposer en couches. Pour assurer sa conservation , on le submerge dans de la saumure.
Quant à l’agua de panela con limón, elle est la boisson populaire par excellence, confectionnée à partir d’un morceau de pain de sucre de canne dissous dans de l’eau, à laquelle on ajoute le jus d’une ou plusieurs limes.
Pour tous les palais
Si vous êtes de passage au Venezuela, n’hésitez donc pas à acheter une bonne cachapa dans un restaurant, ou même dans un petit commerce populaire le long d’une route. Alors que l’arepa n’est généralement pas appréciée de premier abord par les étrangers, qui la trouvent lourde et insipide, la cachapa a l’art de plaire à tous les palais. Ne boudez pas votre plaisir !
Encore un article interessant, et allechant , en plus! Ici aux E.U., il y a une recette semblable, les corncakes, ou on melange de la farine de mais, des grains de mais, du lait, un ou deux oeufs, un peu de sucre. On les cuit plus ou moins de la meme facon. C’est une vieille recette du Sud des E. U., qui provient sans doute des colons via les Amerindiens, et de ce fait, qui sait, peut-etre meme du Venezuela!
Merci Rose-Marie. Eh oui, des recettes aussi simples, utilisant des ingrédients aussi courants, ont l’avantage de se décliner, avec quelques variations, dans différentes sociétés. C’est ce qu’on appelle du « structuralisme gastronomique » 😉
Salut Jean-Luc,
N’est-ce pas une de mes photos que je vois sur ta page concernant la catchapa?
Tu aurais pu mettre un petit lien vers ma page gastronomie ou d’où vient la photo.
Bonne continuation?
Philippe
Oui, j’ai repris deux de tes photos (qui étaient d’ailleurs très bien) et j’ai mis ton nom pour indiquer leur origine. Désolé, je n’avais pas mis de lien vers ton site. Je le fais aussitôt. Vois https://venezuelatina.com/2010/07/11/la-cachapa-cette-delicieuse-galette-de-mais/cachapa2/
J’ajouterais (ok l’article date!) qu’avec la Cachapa, on peut manger beaucoup de choses, pas que du queso de mano. Ici à Maturín où on fait la meilleure cachapa du pays, on la mange avec du cochino frito (porc frit), de la carne en vara (viande à la broche) ou alors du poulet asado (rôti) avec une salade « rallada » (carottes, chou blanc et sauce à base de mayonnaise).
Malheureusement, à Caracas ils la mangent parfois avec du fromage genre gouda et du jambon. Beurk…
Notez une chose TRÈS importante: la cachapa se mange chaude. Il n’est pas recommandé de la conserver (elle peut fermenter) et réchauffée c’est pas pareil. On la mange et ce qui reste: on le jette.
Bon appétit !
Tout à fait d’accord, Gaël, mais reconnais que la cachapa est à son meilleur lorsqu’elle s’accompagne d’un « queso blanco suave » (de mano, guayanés, etc.). Et c’est vrai, la meilleure cachapa, je l’ai mangée à Maturín, elle était immense et se découpait en portions. La pire cachapa, je l’ai mangée à Pregonero (Táchira) où on l’accompagnait de tout et n’importe quoi, comme s’il s’agissait d’une pizza ou d’un hamburger vénézuélien. Beurk !
Merci pour la recette! Mais pas facile de la faire en France parce que le maïs est très cher, un euro la « Mazorca » dans les supermarchés c’est beaucoup, et ils sonr trop petites, j’essayé avec du maïs en conserve mais ce n’est pas la même chose… Pour un vénézuélien comment moi d’être pendant 9 ans sans manger une vrai « Cachapa » (Et sans aller au pays!) c’est beaucoup trop de temps…