Traditionnel

Traditions et traditions

Susana Llorente, Domingo de Ramos

Susana Llorente, Domingo de Ramos

La Semana Santa commence aujourd’hui. C’est le dimanche des Rameaux et de nombreux Vénézuéliens se rendent aujourd’hui à l’église avec leur branche de palmier dans la main. Folklorique sans doute. Mais attardons-nous un moment sur le désastre écologique qu’une telle pratique représente : ce sont des dizaines de milliers de palmiers privés de centaines de milliers de branches aux quatre coins du pays. Si cette coutume née du fond des temps pouvait être acceptable dans une société rurale dispersée, elle n’est tout simplement plus supportable dans un pays largement urbanisé, dans un contexte de démographie galopante.

Dimanche des rameaux à Caracas

Dimanche des rameaux à Caracas

Mais comment l’empêcher dans un pays (dans des pays, si on se place au niveau de l’Amérique latine dans son entier) où la religiosité l’emporte de loin sur la spiritualité, où les marques extérieures de pratique religieuse sont bien plus importantes que la la foi intérieure? Ici, dans la tradition hispanique la plus pure, la religion est une mise en scène, presqu’un spectacle auquel on se doit de participer, sous peine d’exclusion sociale. C’est d’autant plus vrai dans les Andes, réservoir de la catholicité de ce pays.

Si l’on ajoute à cela l’évangélisation bien imparfaite des indigènes (qui, durant la période de colonisation, ont accepté superficiellement la religion-spectacle –parce qu’ils y étaient obligés– tout en conservant leurs croyances profondes), on comprendra l’importance extrême du rite, de l’image, de la statue, … dans la religion catholique traditionnelle, qui marque encore de sa forte empreinte l’Amérique latine toute entière.

Traditions diverses

Cela dit, la Semana Santa ne se résume pas au dimanche des Rameaux. Elle est le cadre, aux quatre coins du pays, de nombreuses traditions aussi différentes les unes que les autres. Ainsi, dans les Pueblos del Sur de l’État de Mérida, on fabrique durant les jours saints un pain spécial, lequel sera mangé en famille le Jeudi-Saint, pour commémorer la dernière cène du Christ.

Racine de sagú

Racine de sagú

Farine de sagú

Farine de sagú

Traditionnellement, ce pain était fait de farine de blé produite dans la région andine (il faut savoir que durant la colonie, les Andes vénézuéliennes constituaient le grenier à blé des Antilles espagnoles). Mais devant la chute drastique de cette production locale, on utilise maintenant le plus souvent des farines commerciales. Par contre, certains pains sont toujours faits à partir de farine de sagú (Maranta arundinacea), une plante tropicale dont la racine est râpée puis séchée pour former une espèce d’amidon.

La vidéo qui suit, réalisée avec les moyens du bord par Renny y Eduardo Gómez, relate cette tradition du pain criollo dans leur village, El Molino. On y verra des éléments traditionnels (le four en terre, la forme des pains) côtoyer des éléments modernes (la farine commerciale, le bassin en plastique…) dans une sorte de syncrétisme qui exprime bien le Venezuela actuel : un pays où la conscience de la tradition s’effrite de plus en plus, où la modernité n’est jamais loin.

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Autre article et autre éclairage sur la Semana Santa au Venezuela : Une semaine pas toujours très sainte.

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