
Jolies tonalités
Le petit Jésus est de retour! Noël est proche! Et comment je le sais? Non, ce n’est pas la froidure qui me le dit, encore moins les premiers flocons… Ici, la température reste imperturbablement la même à longueur d’année et les flocons ne tomberont jamais. Le climat frise la monotonie, à tel point qu’il faut y réfléchir à deux fois pour savoir à quelle époque de l’année on se trouve. Alors, c’est quoi qui m’annonce Noël?
Eh bien, un simple coup d’œil sur les flancs des montagnes qui m’entourent me dit que Noël arrive! À chaque novembre, cela ne rate pas : l’herbe du petit Jésus, comme on l’appelle ici, colore de ses tonalités pourpres le paysage environnant.
L’herbe du petit Jésus, c’est ce qu’on appelle dans le reste du Venezuela le capín melao, (parfois écrit capím melao). Ailleurs on la connaît sous le nom de capim gordura (Brésil); ikivutavuta (Burundi); cimvurabo (République démocratique du Congo); Brazilian stinkgrass, dordura grass, efwatakala grass, gordura grass, honey grass, molasses grass, stink grass, w(h)ynne grass (États-Unis); herbe à miel, herbe de mélasse, mélinis (France); Venezuela grass (Inde); puakatau (Polynésie); yaragua (Colombie); calinguero (Costa Rica); melado (Cuba); yerba agua (République dominicaine); yerba melao (Porto Rico); chopín, pasto de gordura, gordura (Amérique du Sud); futaute (Tanzanie). Pour mettre tout le monde d’accord, les scientifiques la connaissent sous le nom de Melinis minutiflora.
Originaire d’Afrique
Cette plante est une graminée pérenne originaire d’Afrique. De là, elle est passée au Brésil, puis, dès 1860, elle aurait été introduite au Venezuela, si l’on en croit une publication du ministère de l’agriculture du Brésil. Toujours est-il que maintenant elle fait partie intégrante du paysage dans la plupart des régions du pays. En effet, peu exigeante, elle s’adapte à une grande variété de sols et de conditions et se diffuse rapidement. C’est ce qui explique par ailleurs son ample diffusion dans de nombreux pays tropicaux.
Ailleurs dans le monde, elle est considérée comme une plante fourragère et on la cultive à cet effet. De plus, son odeur forte est sensée repousser les insectes, les tiques et les serpents. Au Venezuela, au Brésil, en Colombie, on la considère en revanche comme une plante « nuisible », car elle est naturellement envahissante (elle se disperse facilement) et se révèle être un frein à la biodiversité. De plus, facilement inflammable en période sèche, elle est à la source de nombreux incendies de végétation. Enfin, elle cause des allergies de type rhume des foins.
Voilà pour l’étude scientifique. Mais pour moi et pour le commun des mortels dans les Andes, la Melinis menutiflora sera toujours la hierba del niño Jesús [l’herbe du petit Jésus], celle qui enrobe les montagnes de sa jolie couleur et annonce, à coup sûr, que Noël est proche.
Car à défaut de Noël blanc, le Noël est pourpre au Venezuela, ce qui n’est pas plus mal.

Noël pourpre