Insolite/Politiquement incorrect/Sexuel

L’amour à fleur de peau

Corazon de mi patria

Lors de la récente joute électorale pour la présidence du Venezuela, Hugo Chávez a fait campagne sur le thème de l’amour. Dit comme cela, l’affirmation pourrait prêter à sourire, mais prenez-y garde, le thème a été rigoureusement choisi et a fait mouche. Pour deux raisons : d’une part, le Vénézuélien (et plus généralement le Latino-américain) reste extrêmement sensible au langage émotionnel, quel qu’il soit. Et quoi de plus émotionnel, universellement parlant, que l’amour ? D’autre part, le président sortait, ne l’oublions pas, d’une longue maladie qui aurait pu le laisser sur la touche. Il en a apparemment –et presque miraculeusement– échappé. Comme toute personne malade et physiquement affaiblie, il était on ne peut plus normal, dans un élan de solidarité toute naturelle, de lui prodiguer réconfort et amour.

Graphiquement, le cœur, symbole universel de l’amour, s’est ainsi retrouvé dans tous les discours et tous les slogans, combiné au concept de patrie, histoire de faire allusion à une autre émotion, celle de la nation : Chávez, corazón de mi patria [Chávez, cœur de ma patrie], tel était le slogan-phare de la campagne, décliné sous toutes les couleurs, ou plus exactement sous les couleurs du drapeau national : rouge, bleu, jaune. Évacuée, donc, la seule couleur rouge, celle du socialisme, abondamment utilisée lors des précédentes campagnes. Il fallait trouver des partisans nouveaux, des gens qui avaient du cœur.

Idée-force

Amour pour Chávez, amour pour la patrie, amour tout court : ce langage chargé d’émotions, qui mobilisait autour d’une idée-force très simple, a fonctionné de main de maître. On connaît le résultat.

L’amour ? Le cœur ? Des marchands du temple ont aussitôt profité de l’aubaine et commercialisé un tanga arborant le slogan de campagne. Ce faisant, ils confondaient allègrement deux concepts que l’on sait pourtant distincts (mais que l’on ne distingue généralement pas, allez donc savoir ce qui se passe dans les têtes) : amour et sexe.

Mais fi de la psychanalyse : pour vendre leur babiole, il leur a suffi de surfer gentiment sur la vague chaviste et de compter sur tous ces Vénézuéliens et Vénézuéliennes qui ont l’amour –le sexe ?– à fleur de peau.

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