On ne peut pas dire que c’est un « grand cinéma », comme l’est, actuellement, le cinéma iranien. Mais le cinéma vénézuélien a parcouru son petit bonhomme de chemin depuis que, le 28 janvier 1897 (seulement deux ans après la première projection des frères Lumière en France !) , furent présentés au Théâtre Baralt de Maracaibo les deux premiers films vénézuéliens : Célebre especialista sacando muelas en el Gran Hotel Europa et Muchachos bañándose en la laguna de Maracaibo.
Il faudra cependant attendre 1916 pour que Enrique Zimmerman réalise le premier long métrage de fiction dont on ait connaissance : La Dama de las Cayenas o pasión y muerte de Margarita Gutiérrez. Huit ans plus tard, en 1925, on filme La Trepadora, adaptation du roman homonyme de Rómulo Gallegos, qui paraît la même année À la fin des années 20, le cinéma vénézuélien connaît un regain de popularité, et profite de l’installation de laboratoires nationaux, à Maracay, et de studios à Barquisimeto.
Premier film sonore
Après quelques tentatives en 1934 avec La Venus de Nácar, le premier film sonore sort en 1938 : c’est le court métrage Taboga, suivi la même année par le long métrage El Rompimiento, de Antonio Delgado Gómez.
À la fin des années 30, Rómulo Gallegos crée les studios Ávila à Caracas et au début des années 40, Guillermo Villegas Blanco fonde l’entreprise Bolívar Films, toujours en activité de nos jours. Celle-ci établit des alliances avec des maisons de production mexicaines et argentines. Ces coproductions marquent le début du cinéma industriel dans le pays. Le film le plus connu de cette époque est La Balandra Isabel llegó esta tarde, de Carlos Hugo Christensen, qui remporta le prix à la meilleure photographie au Festival de Cannes de 1951.
En 1959, le documentaire Araya de Margot Benacerraf partage avec Hiroshima, Mon Amour de Alain Resnais (excusez du peu !) le prix de la Critique au Festival de Cannes. C’est la plus haute reconnaissance obtenue par le cinéma vénézuélien jusqu’à ce jour.
Les années 70 se caractérisent par l’apparition d’un cinéma à contenu social. C’est le Nuevo Cine Venezolano, qui connaît un boom en 1973, avec le film Cuando quiero llorar, no lloro de Mauricio Walerstein, basé sur le roman de Miguel Otero Silva, qui connaît un succès public sans précédent. Dans la même veine, sont produits les films de Román Chalbaud (El pez que fuma) et Clemente de la Cerda (Soy un Delincuente).
Ce courant continue dans les années 80 avec des films comme Macu, la mujer del policía de Solveig Hoogesteijn et Homicidio Culposo de César Bolívar. Le cinéma vénézuélien rencontre alors le succès auprès du public national, avec des films tels que La graduación de un delincuente, Macho y hembra, Ya-Koo, Oriana, El atentado et Más allá del silencio. Mais la crise financière que connaît le pays met un frein à cette expansion.
Deux genres principaux
Dans les années 90, deux films se détachent et obtiennent plusieurs prix internationaux : Jericó de Luis Alberto Lamata et Disparen a Matar de Carlos Azpúrua. En 1994, est promulguée la Loi de cinématographie nationale, qui établit la création du Centre national autonome de cinématographie. Dans les premières années, la production reste faible : retenons surtout le film Sicario (1995). Mais à terme, la loi offre un socle plus solide au développement du cinéma national.
Dans les années 2000, deux genres monopolisent la majorité des productions vénézuéliennes : le film historique, avec deux films sur le précurseur de l’indépendance Francisco de Miranda, un film sur le révolutionnaire du 19e siècle Ezequiel Zamora, un autre sur le Caracazo , la révolte populaire de 1989 (ces deux derniers de Román Chalbaud) ; et le film d’action et de violence, dont le meilleur représentant est Secuestro Express de Jonathan Jakubowicz, qui fut distribuée mondialement par Miramax. La création d’une société de production gouvernementale, la Villa del Cine, favorise les tournages à contenu patriotique, politique et social, tandis que la situation d’insécurité du pays inspire des films ultra-violents, sur fonds de délinquance et de drogue.
On en est là : un cinéma qui aurait avantage à améliorer ses techniques (surtout le son, souvent déficient), à opter pour des scénarios plus créatifs et à s’affirmer au travers d’un langage propre, qui ferait sa marque. En attendant, on se contentera de ce bon cinéma national, qui a peu de chances, tel quel, de percer, sauf exception, à l’international.
[Texte inspiré de l’article Cine de Venezuela, dans le Wikipedia en espagnol]
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On peut trouver sur Youtube plusieurs long métrages vénézuéliens en version intégrale (je ne sais si c’est légal ou non, mais ils sont là jusqu’à nouvel ordre). Ils sont bien entendu en espagnol. En voici quelques-uns :
[Mise à jour du 14-09-2011 : La plupart des films ont déjà été retirés de Youtube, pour atteinte aux droits d’auteurs. Les auteurs resteront donc dans l’oubli, sans doute non par volontè propre, mais par celle des producteurs 😦 Pitoyable!]
La Balandra Isabel llegó esta tarde, de Carlos Hugo Christensen (1949)
Caín adolescente, de Román Chalbaud (1959)
Canción mansa para un pueblo bravo, de Giancarlo Carrer (1976)
El pez que fuma, de Román Chalbaud (1977)
Soy un delincuente, de Clemente de la Cerda (1977)
Carmen, la que contaba 16 años, de Roman Chalbaud (1978)
País portátil, de Iván Feo y Antonio Llerandi (1979)
Compañero de viaje, de Clemente de la Cerda (1979)
Ya Koo, de Franco Rubartelli (1984)
Macho y hembra, de Mauricio Walerstein (1984)
Díles que no me maten, de Freddy Siso (1985)
Oriana, de Fina Torres (1985)
En Sabana Grande siempre es de día, de Manuel de Pedro (1988)
Jericó, de Luis Alberto Lamata (1990)
Amaneció de golpe, de Carlos Azpúrua (1998)
Manuela Saenz, la libertadora del Libertador, de Diego Rísquez (2000)
Merci!!!!!!! Etant une grande fanatique de cinéma je vais pouvoir me mettre à la recherche de ses petits bijoux et parfaire ma culture! Nous attaquons un cycle de classiques français et nous enchainerons sur les titres cités (si nous arrivons à les débusquer…). Je ne connais que Cyrano Fernandez qui m’a énormément surpris et que j’ai adoré, recommandé et revu.
Saludos
Effectivement, la plupart de ces films sont difficiles à trouver, ce qui justifie à mon sens leur diffusion sur Youtube, à défaut de mieux.
et l’excellent punto y raya en 2005, avec edgar ramirez..
Guillaume, il en manque beaucoup, surtout des récents, sur Youtube, mais j’ai l’impression qu’une équipe s’atèle à les uploader, si j’en juge par l’annonce de nouveaux films presque chaque jour. Dans mon article, je n’en ai sélectionné qu’une partie.
Article très intéressant ! Je ne connaissais pas du tout le cinéma vénézuélien, je suis bien contente de cet aperçu !