Désolant/Economique/Insolite

Dis-moi où tu voyages…

pub-voyages

Cela faisait longtemps que je n’achetais pas la presse vénézuélienne, devenue tendancieuse et de moins en moins crédible. Aujourd’hui, je me suis pourtant procuré El Universal, quotidien réputé conservateur et l’un des deux grands journaux « historiques », au côté de El Nacional, considéré comme plus libéral, au sens nord-américain du terme.

Un article m’intéressait dans la section Tourisme du jour. Mais ce qui m’a immédiatement sauté aux yeux –c’est fait pour cela–, ce sont les publicités qui l’entouraient. Des publicités de tour-opérateurs et d’agences de voyage, comme il se doit dans cette section du journal.

Les classiques

disneyworld

DisneyWorld, la mecque des vacances pour les Vénézuéliens

Où voyageront donc les Vénézuéliens (je rectifie : les 10 % de Vénézuéliens qui font partie des strates sociales A et B) dans les mois qui viennent ? Passons sur les destinations classiques : Miami en tête, l’indécrottable ville qui attire comme un aimant des millions de Latino-Américains chaque année, allez savoir ce qu’ils y trouvent; puis Cancún, Riviera Maya, Punta Cana, éternels classiques du tourisme tropical de masse (mais pas de destination cubaine cependant, ce serait très mal compris au pays de Chávez !); DisneyWorld, un autre haut lieu que tout latino-américain « doit avoir visité au moins une fois dans sa vie »; Buenos Aires, pour les plus raffinés peut-être; ainsi que les inévitables croisières en rond dans les Caraïbes.

Pour ceux qui ont plus de temps (et d’argent), on offre encore différents tours d’Europe en autobus, combinant la visite de 4 ou 5 pays (soit une dizaine de villes) en 15 jours. Incidemment, on promotionne aussi Panama, avec séjour payable intégralement en bolivars, c’est-à-dire sans devoir pomper sur les dollars autorisés par le système de contrôle des changes. Et pour cause : Panama étant devenu la base arrière du capital commercial et financier vénézuélien, le bolívar (au taux du marché parallèle) y est reçu sans problème.

Remarquons en passant l’absence de destinations un tant soit peu culturelles, comme l’Égypte ou la Chine, ou un tant soit peu sportives, comme l’Himalaya. Ce type de voyage, ce n’est pas tellement le genre de la maison. Les vacances, ce doit être la fête permanente, comme au Venezuela, ou en mieux. On ne va tout de même pas se prendre la tête en voyage.

La « ville du futur »

Dubai, les tours dansantes

Dubai, les tours dansantes

Jusqu’ici donc, rien que du normal, du très normal. Où cela devient plus étonnant, c’est lorsqu’on voit des annonces pour Dubai « la ville du futur », une destination plutôt inattendue de ce côté de l’Atlantique Sud. Et où cela devient franchement insolite, c’est lorsqu’on lit des offres pour assister à la finale de la Ligue des champions entre le Barça et Manchester United ou aux grands prix de Formule 1 de Barcelone, Monaco, Monza et Dubai (encore Dubai, décidément!).

Cela veut donc dire que dans la République bolivarienne du Venezuela, dans cette « dictature communiste », dans ce « pays économiquement exsangue », pour reprendre certaines qualifications lancées par l’opposition, il se trouve des citoyens non seulement assez riches, mais encore assez libres de leurs mouvements, pour assister à un match de football ou à un grand prix de Formule 1 à 8000 kilomètres de distance. Tout cela malgré un solide contrôle des changes qui limite l’accès aux devises étrangères aux citoyens.

Pas si mal, finalement, ce socialisme dictatorial, dénoncé à longueur d’articles par ceux-là mêmes qui peuvent s’offrir ces luxes extravagants…

2 réflexions sur “Dis-moi où tu voyages…

  1. Publié sur facebook dans la minute avec un extrait du dernier chapitre en commentaire! Merci de nous donner des armes et des arguments pour affronter la bêtise crasse des arguments bidons de l’opposition.

    Saludos

  2. Miami, je suppose que c’est comme pour les Brésiliens. D’une part c’est l’occasion de faire des emplettes, vu que beaucoup de marchandises y sont beaucoup moins chères qu’en Amérique du Sud. D’autre part, parce que c’est les USA, leur image de première puissance mondiale, le (faux à dire vrai) luxe, le rêve américain (réinterprété à la sauce latino).

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