
Le satellite Simon Bolivar
Il devait être russe. Il est devenu chinois. Je veux parler du premier satellite vénézuélien Venesat-1, de son petit nom satellite Simón Bolívar, qui a été lancé ce 29 octobre depuis le centre spatial chinois de Xichang, dans la province du Sichuan. En effet, d’abord pressentis, les Russes n’ont pas accepté les conditions posées par le gouvernement vénézuélien concernant le transfert technologique. Les Chinois, eux, n’ont été que trop contents de profiter de l’aubaine, montrant une fois de plus au monde leur maîtrise technologique.
Quant au Venezuela -petit pays mais grandes prétentions- il entre ainsi dans le cour des grands. Le voilà doté de son propre satellite. Deux stations terrestres ont été installées sur son territoire, l’une à El Sombrero, au centre du pays, l’autre à Luepa, dans la Gran Sabana. Des ingénieurs chinois y opèrent, aux côtés d’ingénieurs vénézuéliens formés en Chine, qui sont appelés à prendre en charge l’ensemble du système dans un avenir plus ou moins rapproché.
Satellite social
Ce sera un satellite « social », clament les autorités gouvernementales, Hugo Chávez en tête. La fonction première de ce satellite de télécommunications est le transfert de données de tous ordres : téléphonie, Internet, télémédecine, éducation à distance, télévision et autres services destinés avant tout aux régions les plus éloignées des grands centres, comme l’Amazonie et le Delta de l’Orénoque.
Il s’agira également d’un satellite « intégrateur », puisqu’il offrira des services aux autres pays latino-américains. Son signal de 1.300 mégahertz (MHz) couvrira la région allant du sud du Mexique jusqu’à la moitié nord de l’Argentine et du Chili. L’Uruguay sera privilégié, puisqu’en échange de la cession de l’orbite 78-Ouest qu’il détenait (le Venezuela n’en possédait pas), il aura le droit d’utiliser 10 % de la capacité du satellite.
Petite histoire diplomatique
Pour la petite histoire, rappelons que les pays andins (Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou et Venezuela) avaient depuis longtemps caressé l’idée de lancer un satellite commun. Mais, faute de financement, le projet était resté dans les cartons et l’orbite qui lui avait été réservée a été depuis occupée par un satellite mexicain.
Pour la petite histoire diplomatique aussi, signalons que les États-Unis ont tout fait pour retarder le lancement du satellite, prétextant que des modifications techniques y avaient été apportées en dernière minute. La Chine a fait fi de ces pressions et a procédé au lancement à la date prévue.
Inutile d’ajouter que le lancement réussi du satellite a été accueilli avec une émotion non dénuée d’orgueil dans l’ensemble du Venezuela, ainsi que le montrent les images qui suivent :
Venezuela en el espacio, increible ! Importante paso para America Latina !!