
Le chat, par Framtho Salager
Pourquoi y a-t-il des peintres de talent qui ne rencontrent jamais le succès de leur vivant, et d’autres, plutôt quelconques, qui sont adulés des foules et deviennent de véritables superstars? Pourquoi certains (la plupart) sont-ils contraints d’occuper de petits boulots pour survivre tant bien que mal au milieu de mille difficultés, tandis que d’autres (quelques-uns) parviennent à vendre leur production à des prix exorbitants? Pourquoi y a-t-il d’un côté des Van Gogh et de l’autre des Warhol?
Est-ce le hasard, la chance, le piston, la mode, le marché? Je me pose toujours ces questions (sans pouvoir y répondre) lorsque je suis pris d’émotion devant une œuvre d’un jeune artiste qui débute sa carrière, qui a son avenir devant lui. Sera-t-il appelé à vivre comme un Van Gogh ou comme un Warhol?
C’est exactement ce que j’ai ressenti lorsque, il y a de cela plusieurs années, j’ai suivi les premiers pas de Framtho Salager, à cette époque encore étudiant à l’école des arts de l’université. J’étais alors responsable de la Galerie L’imaginaire de l’Alliance française de Mérida, au Venezuela. Touché par la personnalité complexe mais entière de Framtho, dont l’extrême fragilité affleurait dans ses peintures, j’ai voulu lui donner sa chance. Nous avons monté ce qui fut sa première exposition individuelle, joliment intitulée Nostalgia del pasado mañana [Nostalgie du passé demain].
Appeler un chat un chat
Depuis lors, j’ai toujours suivi Framtho, de près et de loin. Nous sommes devenus amis. Chaque fois qu’il se trouvait dans une impasse financière (ce n’était pas rare), il venait me trouver, l’une ou l’autre œuvre sous le bras. Je le dépannais. Timide, il m’offrait un dessin ou une peinture. Je lui ai aussi acheté quelques toiles, constituant ainsi peu à peu une collection de ses œuvres.
Framtho m’a toujours étonné par sa fraîcheur, son authenticité, son innocence, sa rudesse parfois. Comme sur la toile représentée ci-dessus, il appelle un chat un chat. Il s’empare de l’espace, le fait totalement sien, le triture de ses lignes osées, de ses couleurs franches, de ses lumières infinies.
Rodolfo Quintero-Noguera l’écrit mieux que moi :
Même si Framtho Salager s’inscrit dans les courants les plus avant-gardistes de l’art moderne, il sait -avec talent- conserver ses distances par rapport aux expériences exacerbées, souvent dégénératives, de l’art actuel, il sait s’éloigner de certaine banalité conceptuelle, éclectique et élémentaire qui n’implique ni innovation ni originalité dignes d’être retenues. Sa proposition artistique adhère à l’essence des choses, aux formulations stylistiques les plus vigoureuses, aux postulats inamovibles et impérissables de la peinture et de l’art en général. L’influence non dissimulée du cubisme (plus proche de Gris que de Picasso), le méthodique langage conceptuel du surréalisme, le regard profond de la contemplation mystique, le recours à la calligraphie et le métalangage de la couleur font de ses œuvres des compositions festives et universelles, éminentes et suprêmes, aux résultats toujours appréciables. Framtho nous offre une médiation entre le figuratif et l’abstrait, entre l’objet et l’esprit, entre la perception du réel et ses Métaphores visuelles.
De trop beaux mots? Voyez plutôt cette vidéo sur le travail de Framtho. Elle vous en dira plus que mille belles phrases. C’est la voix de Framtho que vous entendrez.
uhahframthonoseva
Je m’appelle Françoise Salager.-Meyer et habite à Mérida, au Venezuela. Prof à la Fac. de Médecine. Je voudrais tout simplement savoir si Framtho Salager et moi avons quelque parenté! Mon (ex) mari (prof à la ULA. Ingeniería) est de Montpellier (France). Merci de me répondre. Bien à vous. Françoise