Je faisais allusion dans un précédent billet à la folie pour les concours de beauté qui régnait au Venezuela. Les villages les plus isolés, les quartiers les plus deshérités, les écoles les plus minuscules se doivent absolument d’organiser leur concours et d’élire leur miss. Être l’heureuse élue de ces mini-concours permet de rêver à une carrière dans le monde de la beauté, à une ascension, d’échelon en échelon, jusqu’à la consécration finale : devenir Miss Venezuela! devenir Miss Monde! Les candidates sont nombreuses à s’illusionner, tandis que les élues, faut-il le dire, se comptent sur les doigts d’une main.
Étant récemment de passage à Canaguá, village situé à quatre heures de route de la ville la plus proche, Mérida, je suis tombé sur les beaux restes des festivités locales, qui venaient de se dérouler peu auparavant : les affiches des quatre candidates au titre de Miss Canaguá. Elles étaient épinglées sur le mur d’un « restaurant » (lisez « débit de boisson »), appelé très judicieusement Rancho Alegre, sur la place Bolívar.
Tandis que je photographiais les jolies épinglées, le propriétaire du lieu me suggéra de me rendre plutôt au lycée : « Là, vous pourriez les photographier pour de vrai! ». Ce qui l’animait, c’était sans doute l’espoir que je fasse la promotion des miss du village dans la capitale, voire à l’étranger! Et l’illusion de voir l’une des filles de Canaguá gravir les échelons et quitter son village pour un avenir plus radieux.
Ah oui… pour la petite histoire, c’est la candidate Julia, dite La Negra, qui a été élue Miss Canaguá. Ce fut un excellent choix, ma foi…