Politiquement incorrect

Un président politiquement incorrect

Chávez et AhmadinejadLe Venezuela a un président politiquement incorrect : Hugo Chávez. Déclarations à l’emporte-pièce, attaques personnelles, injures, il n’épargne rien ni personne. Pas plus tard qu’hier, cet enfant terrible de la politique internationale recevait un autre banni de la scène mondiale: son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Faut-il le dire, Chávez ne fait pas l’unamimité dans son propre pays. Aux élections de décembre dernier, ils étaient plus de trois millions à avoir voté pour l’opposition, souvent mus par la peur, voire par la haine. Oui, certains le haïssent profondément, et ne se privent pas de le faire savoir.

Il est vrai qu’une révolution est en marche au Venezuela. Cela dérange. Cela réveille. Pour la première fois dans l’histoire du pays, les laissés pour compte de toujours -habitants des bidonvilles, paysans, autochtones- deviennent des acteurs politiques et plus encore : des acteurs de leur propre vie. S’agit-il de la révolution socialiste du 21e siècle, comme le proclame le président? Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais le Venezuela n’est déjà plus le même qu’il y a dix ans, et ne sera plus jamais le même.

Il ne fait aucun doute, pour celui qui parcourt le Venezuela profond, que la quasi totalité du monde rural et des habitants des barrios (les quartiers pauvres des villes), appuient leur président. Ceux qui continuent à crier à la fraude électorale réussissent seulement à prouver qu’ils ne connaissent pas leur pays ni ses gens. Ceux-là vivent entre eux, dans leur urbanizaciones (beaux quartiers) et sont persuadés -se persuadent- qu’ils sont majoritaires. L’unique contact qu’ils ont avec l’autre classe, celle du bas, est leur muchacha de servicio (servante), et même, ils arrivent à s’en méfier comme d’une chavista embusquée.

Lutte des classes? Sans aucun doute. Elle existe depuis toujours dans ce pays profondément inégal, traditionnellement contrôlé par des nantis, semi-nantis ou nouveaux nantis profondément attachés à l’inégalité. Mais voici que cette lutte vient d’affleurer à la surface et de prendre des dimensions inattendues.

Hugo Chávez a servi de catalyseur, ce qui n’est pas rien. Mais au-delà, il veut aussi servir de guide et propulser le nouveau socialisme. Réussira-t-il dans cette folle entreprise? Les obstacles sont immenses, aussi bien à l’interne qu’à l’externe. Nous y reviendrons.

En attendant, on se prend à penser que le Venezuela a bien de la chance d’avoir un président politiquement incorrect.

Photo : REUTERS

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