
Le coq, dessin de Pablo Picasso (1938)
Demandez à un Vénézuélien (ou à un latino-américain) comment chante le coq : il vous répondra immédiatement kikirikiiii. Vous pouvez lui dire qu’il a tort, que c’est cocorico, il n’en démordra pas, le coq fait kikiriki, et rien d’autre!
Irrité ou héberlué, vous passez alors à un stade supérieur. Vous choisissez un coq quelconque et le mettez entre vous et votre interlocuteur, attendant que l’animal se décide à chanter. Et voilà qu’il chante! Vous entendez bel et bien cocorico, tandis que votre interlocuteur n’entend que kikiriki!
La chose se corse donc : comment est-il possible d’entendre le même son et de l’interpréter différemment? S’agit-il d’un pur conditionnement social ? On nous a toujours dit que le coq faisait cocorico et nous entendons effectivement cocorico, on leur a toujours dit que le coq faisait kikiriki et ils entendent effectivement kikiriki. Ou alors sommes-nous préprogrammés pour capter d’une certaine manière certains sons? Je laisserai aux spécialistes le soin de se pencher sur ce que j’appellerai la linguistique des coqs.
En attendant, ne nous creusons pas trop les méninges et écoutons religieusement la chanson Kikiriki qu’interprète le groupe Floricienta. (Attention, le rythme et les paroles sont particulièrement collants, et vous pourriez vous retrouver en train de chanter Kikiriki en prenant votre bain ou en lavant la vaisselle!)
Pour la petite histoire, sachez que la série télévisée pour enfants Floricienta, d’origine argentine, fait depuis quelques années les beaux jours de nombreuses chaînes de télévision de par le monde. Elle est notamment diffusée en France sur Cartoon Network, si j’en crois le site et les nombreux blogues qui fleurissent sur elle dans la langue de Molière.
Vous voyez d’ici le danger : à force de voir et d’écouter Floricienta, nos chers petits vont bientôt croire que les coqs font kikiriki! Et alors là je vous pose froidement la question : qu’adviendra-t-il de notre chère France si elle ne peut plus faire cocorico?
un pan de notre « culture » française risque de disparaître!! que fait-on de l’exception culturelle ou francophone… 😉
Sinon, c’est la même chose avec le « ahahaha » français et le « jajajaja » espagnol! j’ai beau leur dire de s’écouter rire mais ils ne démordent pas!!!
D’où l’avantage de vivre dans une région frontalière ! Chez nous c’est indifféremment kikiriki ou cocorico !
Bonjour Jean Luc !!
J’ai posé la question à ma femme (vénézuélienne de Puerto ordaz) et à ma grande surprise, elle m’a répondu « Cocorico ».
« kikiriki » c’est pour les petit on leur apprend dés leur jeune âge à dire « kikiriki » et dès que l’on passe à l’âge adulte ça se dit « Cocorico », explique t’elle.
Il n’y a pas que les venezueliens qui entendent kikiriki, les anglais aussi je crois ? Les allemands ententent un truc encore plus bizarre ! Je crois que Bigard en faisait un sketch d’ailleurs. Mais point d’éthnocentrisme, l’important c’est que la mélodie soit la bonne non ?? Et puis personnellement je ne parle pas coq 🙂
Tiens JL savais-tu que certains indigènes d’Amazonie utilisent un vocabulaire tellement différent du nôtre et adapté à leur réalité qu’ils ont pas loin d’une centaine de mots pour dire « vert » ! Tout simplement vert, la couleur. Mais dans le coeur de l’amazonie, le vert a de nombreuses nuances et un vert « pâle » n’est même pas ressemblant à un vert pomme pour eux. Je doute que le vert pomme existe d’ailleurs haha !
Bref, l’idée que je souhaitais apporter était naturellement que les civilisations écoutent toutes les sons d’une manière différente c’est vrai, mais que cela trouve son origine dans l’environnement propre d’un peuple. Toutes les onomatopées et les bruits sont perçus différemmemt: bang = pan, tagada = racata, etc..