Essence écologique? Vous avez bien lu, vous avez bien vu : il est écrit en toutes lettres Gasolina ecológica sur la photo ci-dessus. Il faut oser! Au Venezuela, on ose : recouvrez de vert les deux poignées de la pompe, et vous obtiendrez une essence écologique!
Cet argument de vente est apparu il y a déjà quelques années, en même temps que l’introduction de l’essence sans plomb. On peut d’ailleurs se demander si un tel argument était vraiment nécessaire dans un pays où l’essence se vend à un prix unique, peu importe la marque ou la région. Toujours est-il que le tétraéthyle de plomb n’étant plus utilisé comme additif, l’essence vénézuélienne est devenue subitement écologique, verte, propre! Comme si les émanations de CO2 ne comptaient pour rien. Comme si la consommation effrénée de carburant et les moteurs mal réglés n’avaient aucune importance.
Réchauffement global? Très peu pour moi, pour autant que j’aie ma bagnole, mon essence, ma liberté! C’est qu’avec l’essence, on touche à une sorte de tabou au Venezuela, que l’on peut résumer comme suit : Il y a plein de pétrole dans les entrailles du pays. Ce pétrole appartient à la nation, donc à tous, donc à MOI. Touche pas à mon essence!
Politiquement lynché
Et voilà pourquoi le Venezuela continue à bénéficier non seulement de la « première essence écologique au monde », mais aussi et surtout de l’essence la moins chère du monde. Le dernier président qui a osé toucher au sacro-saint prix de l’essence (c’était Carlos Andrés Pérez, en 1989) a été politiquement lynché. Autant dire que plus personne, par la suite, n’a osé y toucher. Le prix de l’essence à la pompe reste fixé à 0,098 Bs. F. le litre de super (soit quelque chose comme 0,025 euro, vous avez bien lu) et 0,070 Bs. F. le litre de normale (je me refuse à calculer). Autant dire qu’à ce prix-là, l’essence est presque complètement subsidiée. D’ailleurs, pourquoi la payer, si elle NOUS appartient?
Hugo Chávez a bien évoqué quelquefois la nécessité de procéder à une augmentation du précieux liquide. Mais il n’a pas encore osé passer à l’acte. S’il réussit cette gageure sans qu’il y ait des émeutes du type Caracazo de février 1989, on pourra affirmer sans crainte qu’il a un contrôle ab-so-lu du peuple vénézuélien. On est loin du compte, quoiqu’en disent ceux qui voient en lui un dictateur, en puissance ou réel.
Résultat: la première essence écologique du monde est aussi la moins chère de la planète. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer ce tableau qui indique le prix de l’essence à la pompe dans plusieurs grandes villes du monde (attention, les chiffres sont donnés en dollars US par gallon, soit 3,8 litres):
Malheur à vous si vous vivez à Londres, à Paris ou à Hong Kong! Pensez plutôt à déménager à Téhéran, Ryadh, Koweit ou… Caracas! En prime, dans cette dernière ville, vous aurez la conscience tout à fait tranquille : vous consommerez une essence 100 % écolo!
je découvre ton univers !! et c’est super!
Bonjour,
cet été sur RTL nous allons mettre à l’honneur les français de l’étranger à travers une émission intitulée « Destination Ailleurs ».
Je vous propose de partager avec les auditeurs d’RTL votre expérience,, comme vous le faites si bien sur votre blog !
N’hésitez pas à me recontacter , je vous expliquerai tout en détail !!
J’espère à très vite,
Merci par avance.
Julie Poujol.
Ps : si vous souhaitez me recontacter, merci de bien me remettre en lien votre blog pour que je vous retrouve facilement ! Merci !
Le pétrole vient du sol vénézuélien, il est à eux. Effectivement, je ne vais pas dire le contraire. On consomme donc sans compter et sans penser aux conséquences car ici tout le monde se fout (et je reste poli) du coté écologique. Il y a d’autre préoccupation.
Comme la terre appartient au peuple vénézuélien on vidange aussi sa boite de vitesse automatique ou son moteur à même le sol ou dans la caniveau quand on est doté d’un peu plus de civisme.
Le raisonnement, « cela m’appartient, j’ai le droit de pourrir ce qui appartient aussi aux autres » vous parait-il raisonnable ?
@ Felipe
Je ne sais pas si la dernière question de ton commentaire s’adresse à moi, ou aux lecteurs, ou aux deux.
En ce qui me concerne, je pense avoir répondu entre les lignes. Si ce n’est pas clair, c’est que j’ai usé de trop d’ironie (un petit défaut chez moi, paraît-il). Et je confirme qu’il est souvent difficile de vivre dans un pays où le citoyen moyen pense : « Si c’est bon pour moi, tant pis pour les autres » (et tant pis pour la planète). Ton exemple n’est malheureusement qu’un exemple parmi des milliers.