Politiquement incorrect

Le temps du désenchantement

Chávez m'a aimé, Maduro m'a menti

« Chávez m’a aimé, Maduro m’a menti »

Dur dur le retour au Venezuela après un mois passé en Europe. Est-ce le Venezuela qui a changé, ou bien est-ce moi qui ne suis plus le même ? Allez savoir… En tout cas une chose est certaine : l’éloignement et la prise de distance m’ont permis de voir que le pays change à pas de géant, et pas vraiment vers des lendemains qui chantent.

Le temps est au désenchantement, voire à la désillusion, même parmi les sympathisants chavistes. Il m’a fallu une semaine pour rencontrer le premier Vénézuélien heureux, et il ne l’était que pour des motifs tout personnels : il allait être grand-père ! Autour de moi, entre chavistes et antichavistes confondus, ce n’était que plaintes, récriminations, mauvaise humeur, doutes, craintes, nervosité, mal-être, rage, … La même litanie se trouvait dans toutes les bouches : pénuries de produits de première nécessité, files d’attente, corruption des autorités, inflation, dévaluation, taux de change, et j’en passe.

Déliquescence

Le pays semble en déliquescence. Le président, aux antipodes du charisme de Chávez (qu’il cherche inutilement à imiter), ne cesse de montrer ses faiblesses et ses hésitations, à force de répéter à l’envi des slogans aux contenus de plus en plus vides. L’échéance électorale municipale de décembre semble figer les forces en présence, dans l’attente d’un hypothétique dénouement. Une sorte de paralysie s’est emparée du gouvernement, alors que la gravité de la situation économique exige des décisions et des solutions drastiques.

Une telle fragilité du pouvoir rend le climat délétère. Des rumeurs de coup d’état refont surface. Sous les discours, c’est l’intox la plus totale qui mène le jeu, mais personne ne montre vraiment ses cartes. Qui croire ? Que croire ?

Nul ne peut nier qu’une guerre de quatrième génération est en cours, entre une opposition qui profite des fragilités du pouvoir pour insuffler quelques poisons partout où elle peut, largement aidée en cela par ses alliés étrangers, et un pouvoir qui ne trouve rien de mieux à faire qu’à se raidir, au risque de se rendre ridicule (ou alors franchement dangereux).

Tout le monde sent qu’il va se produire quelque chose. Quelque chose d’important et de décisif.  Mais quoi ? Mais quand ? Et dans quel sens ?

Le pays tout entier vit comme en suspens, entre doutes, peurs et désespoir.

20 réflexions sur “Le temps du désenchantement

  1. j’ai assisté à une forte intéressante conférence , vendredi dernier sur la chute du socialisme en URSS avec Gorbatchev … et nous avons ensuite évoqué le Venezuela et Maduro …
    Ces nouvelles ne sont pas si étonnantes .
    Ce qui manque comme infos mais que mes interlocuteurs avaient , ce sont les relations au sein du PSUV et aussi entre l’aile dominante du PSUV au pouvoir et le reste de la gauche .
    Ce qui se disait à Paris vendredi était que l’aile maduriste en poste était formée de gens sans expérience politique , mais prétendant diriger dans un contexte difficile et très politique .
    cela étant dit , rien de bon à attendre des caprilistes , au contraire , avec les USA derrière .
    Bref on verra mais ce n’est pas rose et le rouge du chavisme pâlit chaque jour .
    Il reste les oripeaux du chavisme …

    En URSS le socialisme était miné par une économie parallèle énorme ( impliquant la corruption des cadres ) et au Venezuela, où pourtant le socialisme n’était pas installé , on assiste déjà apparemment à ce même phénomène , économie parallèle qui se nourrit de la manne pétrolière « inépuisable » .

    Mais pour trouver mauvaise la situation au Venezuela quand on vient d’Europe ( voire de Belgique ) où elle n’est pas bonne , alors il faut que ça n’aille pas du tout !
    Ou alors c’est déjà le mal du pays ( Litche ) qui opère .
    Personnellement quand je suis rentré de Liège sur Paris j’ai trouvé Paris très bien .
    Liège ne me manquait pas .

    • Jean-Pierre, entre la crise d’un Belge ou d’un Français qui se plaint parce qu’il perd 0,5 % de son pouvoir d’achat en un an et la crise d’un Vénézuélien qui perd au moins 10 à 15 % en un an (et près de 50 % s’il calcule sa « fortune » en dollars ou en euros), il y a tout de même une certaine marge…

      Et puis moi aussi je trouve que Paris est plus joli que Liège 😉 Pour la qualité de vie, cela reste à voir. Disons que si tu habites sur l’île Saint-Louis, c’est certainement mieux qu’en Outremeuse.

      • Ouf je croyais que le régionalisme avait atteint Liège … C’est sûr que sur l’Île Saint Louis c’est extraordinaire .: c’est le lieu du roman d’Aragon Aurélien tandis qu’à Liège on imagine plutôt un polar glauque sans idylle .
        Mais un prof en France , depuis 83 , par rapport à l’évolution du temps de travail et du salaire moyen a perdu 42,6 % de pouvoir d’achat et les attaques continuent à tel point que chez cet électorat traditionnellement acquis en grande partie au PS l’abstentionnisme risque de se développer aussi .
        On perd bien plus que 0,5% ici ( salaire bloqué , prélèvements et coûts de la vie en hausse ) . ici il s’agit clairement de choix politiques du transfert du PIB des salaires vers le Capital ce que montrent les statistiques .
        Pas besoin de saboter puisque les mesures sont prises par nos gouvernements et pourtant le sabotage existe avec 300 milliards qui échappent à l’Etat …

        Pour le Venezuela je pense qu’il faudrait avoir les statistiques détaillées car la pauvreté a été réduite nettement depuis l’Ancien Régime .

        Ensuite on a des conférences à l’occasion du 40ème anniversaire du coup d’Etat de Pinochet en 1973 et le sabotage économique est une des clefs de son instauration .

      • Jean-Pierre, je ne voudrais pas donner l’impression de jeter le bébé avec l’eau du bain en disant qu’aucune avancée sociale n’a été faite depuis 1998. Il n’en reste pas moins que la situation est ce qu’elle est 15 ans plus tard. Quant aux statistiques crédibles, ne rêvons pas, elles sont rares voire inexistantes au Venezuela.

      • Il y a une réduction nette de la pauvreté extrême , une politique éducative pour tous , el Sistema …Sinon jamais Chavez n’aurait eu cette popularité .
        Il y a une répartition des revenus qui n’existait pas auparavant .
        De toute façon il n’y a qu’à voir ce qu’on en sait ici : ce n’est pas la dictature du prolétariat , loin s’en faut !
        Les statistiques du Venezuela j’en avais vu , mais il y a de cela plusieurs années , et j’ai oublié le détail .
        Il n’en demeure pas moins que cette situation est critique mais serait pire sous la droite .car une politique néolibérale mène à la précarisation nécessaire de la majorité pour le profit d’une poignée qui de plus est le cheval de Troie des USA .et autres puissances .
        Les solutions passent certainement par une plus grande activation des velléités de la base de la population .
        L’enjeu dépasse le Venezuela et certains ont une revanche à prendre .
        On n’a peut-être pas de statistiques fiables – je ne sais pas – mais on a encore moins de statistiques sur le jeu des économiques parallèles et autres activités qui échappent au contrôle de l’Etat , et qui se nourrissent de ses faiblesses .

  2. Voici un article que j’avais lu pendant que Jean-Luc se dorait au soleil belge :
    Mérida, 30 août 2013- Des travailleurs de plusieurs entreprises publiques vénézuéliennes ont lancé des manifestations contre ce qu’ils appellent la gestion « bureaucratique », défendant à la place une direction des entreprises suivant le modèle du contrôle ouvrier.
    Les travailleurs de l’entreprise publique Lacteos Los Andes ont obtenu d’importantes concessions du gouvernement cette semaine après avoir protesté contre des « choses irrégulières » dans dans cette entreprise fabricant entre autres du lait, des yaourts et des jus.
    300 ouvriers de Lacetos ont manifesté lundi dernier devant l’Assemblée Nationale du pays pour mettre en lumière ce qu’ils ont appelé un « sabotage » de la production de l’entreprise par la direction de la compagnie et le ministre de l’alimentation, Felix Osorio.
    Parmi les problèmes de l’usine, il y avait une insuffisance des matières premières livrées pour la production et une baisse du nombre de camions arrivant à l’usine pour distribuer les produits Lacteos Los Andes. Les ouvriers ont accusé la direction d’essayer de faire échouer la compagnie nationalisée dans le cadre d’un plan pour la « remettre aux hommes d’affaires de la bourgeoisie de droite ».
    Lors d’une réunion avec des représentants de la présidence du Venezuela, mardi, les ouvriers de Lacteos ont exposé leurs principales inquiétudes et revendications : le manque de marchandises importées comme les containers, la mauvaise gestion de l’entreprise, la dissimulation de données comptables, et « par-dessus tout », une non-prise en compte des contributions des travailleurs.
    « Nous avons une direction irresponsable qui n’a rien fait. La solution est de changer cette direction, et d’ouvrir une enquête administrative, civile et pénale…cette [situation] peut être résolue par le contrôle ouvrier » a dit un ouvrier à Aporrea.
    En conséquence de la réunion, la présidence Maduro a décidé de renvoyer la direction de Lacteos, et de garantir l’importation et la livraison des matériaux requis pour la production de l’entreprise.
    Les ouvriers de Lacteos ont de plus proposé à l’exécutif que la compagnie soit dirigée suivant le modèle de l’autogestion ouvrière ou « contrôle ouvrier ». Jeudi les ouvriers devaient débattre de cela à une réunion plénière des travailleurs, avec dans l’idée de proposer l’un des leurs pour la position de « travailleur président » de l’entreprise.
    D’après Aporrea, les travailleurs de Lacteos « ont la conviction que le Président Maduro tiendra les promesses contenues dans les accords conclus [avec les ouvriers] pour remettre Lacteos Los Andes le pied à l’étrier »
    D’autres manifestations
    La lutte à Lacteos est une des diverses mobilisations du travail menées ces dernières semaines contre les directions dans les entreprises publiques , parmi lesquelles ont compte l’effort victorieux des Industries Diana, gérées par leurs ouvriers, d’éviter qu’on leur « impose » un homme d’affaire comme directeur.
    Mercredi, des employés du distributeur alimentaire public PDVAL ont marché vers le palais présidentiel de Milaflores pour protester contre les conditions de travail et le traitement par la direction. Les travailleurs ont dit qu’ils ne bénéficiaient pas d’une convention collective, et qu’ils n’avaient pas reçu la hausse de salaire accordée aux travailleurs du secteur public plus tôt cette année.
    Depuis, les ouvriers de PDVAL ont rencontré la direction et sont parvenus à un accord. Toutefois, les ouvriers ont lancé au président Maduro le message qu’ils ne regardent pas les incidents récents à Lacteos Los Andes, PDVAL et Diana Industries comme isolés, avertissant le président du danger d’une « cinquième colonne vêtue de rouge » dans les entreprises publiques.
    « Nous allons perdre la révolution, Maduro, si nous ne nous organisons pas » a dit un ouvier, d’après Aporrea.
    Pendant ce temps, dans l’Etat occidental de Yaracuy, dans l’entreprise publique Pedro Camejo, qui travaille dans les secteurs des machines agricoles et du transport, les ouvriers et les paysans ont occupé les locaux.
    Mercredi, dans un communiqué de presse, les travailleurs ont dit qu’ils luttaient contre « l’oisiveté et l’inattention de la direction », qui a échoué à fournir les pièces nécessaires pour les machines, « mettant la prochaine récolte en danger ». Les travailleurs ont également défendu la mise en place d’un modèle de type contrôle ouvrier dans l’entreprise.
    L’occupation a le soutien de plusieurs organisations de la base, de la Commune Hugo Chavez Frias, du candidat local aux élections municipales pour le Parti Socialiste Unifié (PSUV), au pouvoir, qui a défendu le « remplacement » de la direction de l’entreprise.

  3. ¡Hola Jean-Luc!
    Tu confirmes une fois de plus ce que nous ressentons lors de nos contacts avec le pays : un mélange de lassitude, résignation, colère, incompréhension… Bien que la politique soit évitée lors de ces conversations – inutile de s’énerver au téléphone 😉 alors que le but premier est de s’enquérir des proches – leur vie quotidienne est inévitablement évoquée ; on retient que Maduro est baptisé du sobriquet de « Mas Burro »… Un futur de plus en plus triste et incertain. Nos soucis d’Européens sont effectivement bien modiques en comparaison.
    Es-tu rentré avec provisions de gaufres et spéculos, ou t’es-tu jeté sur les arepas et le pan dulce ? L’hiver dans les Andes doit être à notre avis plus agréable à vivre que dans les brumes liégeoises, non ?
    Lidys et Michel

      • Il y a tout de même de plus en plus de gens dans une extrême précarité en Europe – je n’en suis pas , mais en Espagne plus de 50 de chômage chez les jeunes , en Grèce , c’est terrible , au Portugal aussi ….Ces problèmes ne sont pas mineurs : ce sont toutes les conquêtes sociales qui sont mises à mal .
        A Madagascar où l’ultra libéral Ra8 s’est fait éjecter , aucune perspective ne se construit …
        Déjà Maduro vient au pouvoir dans une phase inachevée et un contexte pas facile . Après que veut-il ? avancer ou composer ?
        La population au Venezuela , après tout , réagit plus qu’ici en Europe où ça demeure encore marginalisé ou local .. Mais les lignes peuvent aussi y changer .

  4. C’est Bourdieu qui disait à propos de mai68 qu’il n’y a rien de pire qu’une fausse révolution, non seulement pour ses conséquences directes mais aussi parce qu’elle fait peur aux Dominants qui alors organisent une contre-révolution, qui elle, est bien réelle, et dont les conséquences peuvent être dramatiques (bon il faisait référence à mai68 et pas du tout au Venezuela…).

    C’est, je pense, ce qui se trame dans ce pays. Même si il reste encore de nombreux militants chavistes de « base » essayent réellement de changer l’ordre social pour atteindre quelque chose de plus juste, et je le dis en connaissance de cause parce que j’en connais personnellement.

    Les problèmes, je pense, il y en a plusieurs:

    Au sein du chavisme:
    – Le culte de la loyauté au sein du chavisme qui neutralise le développement de toute critique interne.
    – Dans le même ordre, l’anti-intellectualisme et la militarisation de ses cadres.
    – Le PSUV, création ratée, qui au lieu de devenir un espace de dialogue et permettant la circulation des demandes populaires, est devenue un appareil politique n’œuvrant qu’à sa propre reproduction. Un appareil pour lequel, au delà des discours de façade, changer l’ordre social pour plus de justice, de dignité et de liberté, n’est absolument pas à l’ordre du jour.

    Plus généralement:
    – La diffusion du modèle « rento-consumériste » de la bourgeoisie pétrolière venezuelienne à toute la population: Les richesses sont magiques, naturelles (voir l’anthropologue Fernando Coronil) et il faut les dépenser au plus vite, non pas pour se démarquer culturellement (la bourgeoisie venezuelienne ne brille pas par son Capital Culturel), mais pour se démarquer symboliquement, à travers l’appropriation de symboles, voitures, nouvelles technologies etc. qui marquent la possession d’un Capital économique.Conséquences inattendue des politiques d’état providence mise en place par les chavistes ainsi que la mobilité sociale d’une part des classes populaires: cette « mentalité » s’est généralisée, ce qui a contribué à faire exploser la délinquance, la petite corruption (qui mine les projets sociaux) et même l’inflation (voir le scandale en ce moment des avions vides).
    – Même si les déclarations officielles du gouvernement frises souvent la paranoïa, les théories du complot et les aveux d’impuissance; il n’en reste que les tentatives continues de déstabilisation du pays par certains secteurs de l’opposition et de la bourgeoisie ont aussi des conséquences particulièrement négatives.
    – La dévalorisation systématique de ce qui est Vénézuelien (ou même latinoamericain) et la consécration de ce qui est Européen ou nord-Américain. À tout les niveaux: politiquement (il est plus rentable de mobiliser à droite les économistes orthodoxes, à gauche Gramsci ou Marx que des intellectuels locaux) et économiquement (valorisation des marques et produits étrangers)

    Une bonne partie des « problèmes » souvent mentionnés par les Vénézueliens viennent de là. Même si, il est nécessaire de ne jamais oublier le rôle social très particulier conféré à la « consommation » au Venezuela, qui fait que certaines choses posent « problème » peut être plus qu’ailleurs.

    • Merci pour ce commentaire et cette analyse en deux temps : au sein du chavisme et dans la société en général. Je partage ce qui est dit.

      Dans une optique moins « bourdieusienne » et pour ceux qui lisent l’espagnol, lisez ce que dit du moment présent Heinz Dieterich, créateur du concept de « socialisme du XXIe siècle » et conseiller de Hugo Chávez jusqu’en 2007: http://aporrea.org/ideologia/a175119.html.

      • L’article ci-dessus se lit même si on ne lit pas vraiment l’espagnol et il est très intéressant .
        Mais les bandeaux de « pub » aussi le sont car ils concernent la dénonciation de la corruption .
        Ce qu’écrit Ash est très intéressant aussi puisqu’il analyse de façon circonstanciée la situation .
        Pour moi aussi la structure de l’économie du Venezuela n’est évidemment pas socialiste bien que le socialisme soit une étape transitoire
        Il est dit que Maduro devrait prendre des mesures radicales urgemment mais il y a un hic : le veut-il ? ensuite , en a-t-il les moyens ?
        S’il ne les prend pas à temps , alors il sera trop tard .
        Il n’est certainement pas un Lénine et le talon d’Achille de cette politique est peut-être qu’elle a des visées politiques mais sans les asseoir sur une solide réflexion théorique sur l’Etat .
        Toutefois la réflexion peut se faire en chemin s’il y a une réelle volonté de transformation radicale du système .
        Le capitalisme ne peut pas s’amender .
        En un sens , en France la question se pose aussi : le gouvernement PS promet des avancées sociales ( sans plus parler de socialisme ) mais mène une politique effrénément libérale .
        Pour faire le socialisme il faut déjà concevoir le socialisme et l’infrastructure sur lesquelles il se construit .

      • Dieterich pointe du doigt des choses relativement évidente. Il est essentiel, pour leur survie politique, que les « bases » chavistes fassent rendre des comptes à leur dirigeants. Ou le chavisme sera effectivement condamné à devenir un peronisme bis.

        Deux choses m’ont cependant géné dans l’article. Premièrement ce passage « Durante su alocución por las nuevas Leyes habilitantes en la Asamblea Nacional dijo que requiere estos nuevos poderes para profundizar, acelerar y dar la batalla a fondo por una nueva ética política, una nueva vida republicana y por una buena sociedad. Oratoria vacía pseudo-clerical. Lo que deb e decir es qué grupos y clases sociales cargarán con los enormes costos sociales que implica la inevitable sanación de la economía, que pasa por la devaluación y la política de austeridad. »

        Assez ambivalent, j’ai peut être mal compris, mais Dieterich semble n’envisager comme solution « inévitable » aux problèmes économiques du Venezuela que des mesures néolibérales (austérité) et une autre dévaluation, afin de rendre l’économie plus « saine ». J’espère avoir mal compris…
        Les Chavistes, en s’étant mit les universités à dos – c’est à dire des espaces potentiellement autonome où l’on a le « temps » de réfléchir à des alternatives réelles – voilà le résultat: même au sein de la gauche les seuls solutions prétendument réalistes proposées pour affronter les problèmes de l’économie n’échappent pas au paradigme néolibéral.

        Deuxième chose qui me gène, la référence au « kitsch théologique » du gouvernement. Il faudrait beaucoup de lignes pour développer ça, mais il me semble que de nombreux gauchistes Européens (dans lesquels j’inclue Dieterich) – parce que les « gauches » latinoaméricaines parlent un peu le même langage politique qu’eux – passent à coté de ce qui est en train de se jouer en Amérique Latine dans les mouvements, et gouvernements, « anti-système »: Tout ce qui s’éloigne des référents politiques habituels Européens (ou j’ose, « occidentaux ») est soi suspect soi kitsch, mais n’est jamais prit au sérieux: la spiritualité parfois assez proche de la religion « Santera », le culte à Bolivar et tout un ensemble de référents qui, je pense, sont la marque d’un post-colonialisme latent. Ironiquement, ce sont des membres de la bourgeoisie de droite Vénézuelienne qui s’en rendent le plus compte, bien que pour des raisons explicitement racistes et dans le but de « re-occidentaliser » le Venezuela.

        Pour ceux qui parlent l’anglais, voir ici:
        http://caracaschronicles.com/2013/01/28/the-savage-discourse-revisited/

      • L’article que j’avais transmis au début ( traduit sur un blog français ) pouvait être aussi critiqué comme émanant d’une analyse gauchiste .
        Gauchisme et néolibéralsme : à lire l’extrait qui parle d’énorme coût social , puis des mesures « nécessaires » il n’y a aucune ambiguïté sur l’idée sous-jacente .
        La prétention du néolibéralisme à prôner des mesures quasi techniques et apolitiques d’austérité pour satisfaite une économie désincarnée est typique .
        Puisque le sujet est fondamental , il serait peut-être utile d’analyser les rapports au sein de la gauche même au Venezuela, qui semblent être pour le moins tendus .
        A propos du caractère spécifique de ce qui se passe en Amérique latine , ça me rappelle la question de la spécificité du processus de production en Asie il y a quelques décennies .
        Mais tout ça ne se règle en pas un paragraphe .

      • Ash, ton analyse du texte de Dieterich et des solutions économiques qu’il propose pose une vieille question: celle du « socialisme dans un seul pays », débat des années 30. Parlons ici de « chavisme dans un seul pays ».

        Le « chavisme dans un seul pays » est-il vraiment possible et envisageable dans un pays qui vit de l’exportation de son pétrole et qui importe 80 % de ce qu’il consomme. On voit bien là les limites du modèle : le Venezuela est un pays qui était « mondialisé » avant même qu’on parle de mondialisation et il a besoin de l’économie-monde. En fait, il n’existe que par cela,.

        Chávez (comme d’autres avant lui) a bien mis le doigt sur la plaie et parlé de la nécessité d’un développement endogène. Le projet s’est malheureusement limité au discours. C’est en fait le développementisme à tout crin qui a caractérisé le chavisme.

        Dans ces conditions, comment échapper aux diktats du marché et du capitalisme international ? Comment redresser l’économie sans passer par les recettes de l’économie classique (qui n’est pas nécessairement néolibérale et peut être keynesienne) ?

        Je ne dis pas qu’il n’existe pas d’autre voie, mais les modèles économiques alternatifs connus n’ont pas vraiment fait leurs preuves. Et reconnaissons que le Venezuela chaviste ne s’est pas distingué par sa créativité dans le domaine économique.

      • Mais à Cuba existe le socialisme et sans aucune rente sans oublier la politique de blocus des USA … par contre il n’y a pas de classe possédante comme celle des Capriles . Le contexte est fort différent
        La politique menée au Venezuela n’est pas pour moi comparable à celle ni de Cuba ni celle de l’URSS .
        Il se pose des difficultés pratiques et théoriques bien sûr mais on n’est pas dans un pays socialiste .
        Pour moi le cas est intéressant pour les Occidentaux dans la mesure où justement ici les partis de transformation radicale en sont à considérer une prise de pouvoir par les urnes ( même si ce n’est pas pour aujourd’hui ) .
        Et là on voit les difficultés que ça pose au Venezuela . Il ne suffit absolument pas d’avoir une majorité politique pour avoir le pouvoir économique .
        Et sans le pouvoir économique on ne garde pas le pouvoir politique très longtemps .
        C’est donc une âpre lutte des classes qui se joue au jour le jour , pas qu’au Venezuela certes mais très clairement au Venezuela .

        L’enjeu est aussi local car toute l’Amérique latine a les yeux rivés vers le Venézuela – à défaut que ce soit le monde entier . L’Amérique latine a aussi les yeux rivés sur Cuba , et la relation qu’entretiennent ces 2 pays est aussi observée .
        La légitimation du pouvoir au Venezuela tient aussi à son rapport à Cuba .

        En URSS , la question du socialisme dans un seul pays s’est posée mais par exemple on a liquidé l’appareil d’Etat – cela étant dit la Guerre avait déja affaibli l’Etat : aucun policier de l’époque tsariste n’est resté policier à ma connaissance .
        Tel n’est pas le cas au Venezuela et ce ne faut pas le cas en France à la Libération .
        Or sans toucher radicalement à l’appareil d’ Etat on n’a pas le pouvoir réel .
        ce qui a mené à la disparition de l’URSS s’est joué en amont par l’affaiblissement de l’Etat , sous l’égide du pouvoir même et de contre-pouvoirs économiques , pas des citoyens .

        A Cuba les réformes se font sous contrôle de la population qui a du poids dans les décisions , car l’économie est socialiste .

        Au Venezuela , le peuple n’a pas encore l’expérience des Cubains ni le pouvoir .
        Et le PSUV est né après la prise de pouvoir par Chavez , donc il est avant tout un parti de pouvoir avant d’être un parti avec une visée révolutionnaire .De ce point de vue il doit innover et comme dans l’Histoire des partis , durant la phase de maturation , les débats sont rudes puisque le rapport de tendances qui fixe l’orientation politique dominante n’est pas jouée – si elle l’est jamais .

  5. Merci pour le lien, en précisant par ailleurs que je voulais dire « critique interne » et non pas « critique internet », lapsus stupide…

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