Créatif/Musical

Un orchestre tout feu tout flamme

Fiesta : aucun titre ne pouvait mieux convenir à la dernière production musicale de l’Orquesta Sinfónica Simón Bolívar, sous la direction du jeune et très doué chef Gustavo Dudamel. Dans ce nouveau disque, la musique vénézuélienne est mise en valeur, avec des compositions de Inocente Carreño, Antonio Estévez, Aldemaro Romero y Evencio Castellanos. Deux mexicains, Arturo Márquez et Silvestre Revueltas, et un argentin, Alberto Ginastera, complètent un programme composé de musiques presqu’exclusivement latino-américaines. Petite exception dans ce choix hautement original : l’orchestre interprète en finale une œuvre du nord-américain Leonard Bernstein. Encore s’agit-il du Mambo de West Side Story, danse latine s’il en est.

Fiesta donc, car en Amérique Latine, la musique ne peut être que fiesta. Infinité de rythmes, milliers de danses. Tous les petits latinos sont tombés dedans quand ils étaient petits : la plupart sont des musiciens-nés et des danseurs de talent. Autrement dit, la musique, c’est leur truc.

Un petit plus

Sur cette base prometteuse, il y a eu cependant un petit plus au Venezuela : dès 1975, l’économiste, compositeur et organiste José Antonio Abreu a eu l’idée d’organiser cet immense potentiel musical spontané en un vaste réseau d’orchestres d’enfants et de jeunes. Cela a donné naissance à plus de 200 orchestres dans le pays. Au sommet de cette pyramide, l’orchestre Simón Bolívar, basé à Caracas, est formé des meilleurs musiciens venus des quatre coins du pays. En faire partie est une sorte de consécration pour les enfants musiciens devenus grands. Des enfants musiciens pour la plupart issus des classes populaires à qui ce réseau a donné un véritable objectif de vie.

Tant l’orchestre Simón Bolívar que la Fondation vénézuélienne des orchestres d’enfants et de jeunes ont maintenant obtenu une consécration internationale. Le premier multiplie les tournées à l’étranger, enchaînant succès sur succès, et enregistre chez rien moins que Deutsche Grammophon, la prestigieuse maison de disques allemande. Quant à la Fondation, elle vient de recevoir il y a quelques jours à peine le prix Principe de Asturias 2008 dans la catégorie artistique. Elle réunit « la plus grande qualité artistique et une profonde conviction éthique appliquée à l’amélioration de la réalité sociale », selon les termes du président du jury. Des artistes du calibre de Bob Dylan, Woody Allen, Oscar Niemeyer et Plácido Domingo avaient été bénéficiaires de ce prix les années antérieures. Pas mal comme compagnie!

Enfant du réseau

Gustavo DudamelDe son côté, Gustavo Dudamel, le jeune directeur artistique de l’orchestre Simón Bolívar, se considère comme un enfant du réseau, dans lequel il a été formé depuis l’âge de 10 ans. Âgé maintenant de 27 ans, il voit s’ouvrir grandes devant lui les portes les plus prestigieuses. Il a déjà dirigé nombre de grands orchestres, comme le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Staatskapelle Dresden, le Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestra Filarmonica della Scala. Mieux encore : créant la surprise, il succédera en 2009 à Esa-Pekka Salonen à la tête de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, l’une des formations les plus renommées des États-Unis. Un véritable conte de fées!

L’orchestre symphonique Simón Bolívar s’est toujours caractérisé par sa jeunesse et son énergie. Car ses musiciens, loin d’être des fonctionnaires, aiment jouer -ce n’est pas toujours le cas, même dans les grands orchestres professionnels. Avec Fiesta, voici une formation qui s’enflamme littéralement, car la musique qu’elle interprète est de feu. En effet, même académique, la musique latino-américaine -vénézuélienne en particulier- ne manque jamais de piquant. En un mot comme en cent : ce répertoire peu connu mérite d’être découvert, tant il est vif et coloré. Et cet orchestre mérite d’être écouté, dans la joie de la fiesta.

>> Écouter des extraits de Fiesta
>> Acheter Fiesta sur Amazon.fr (le CD sortira en juillet 2008). L’album est déjà en vente en téléchargement (MP3) sur le site de Deutsche Grammophon.

4 réflexions sur “Un orchestre tout feu tout flamme

  1. Je suis sure que Gustavo connait bien Isaac Albeniz le compositeur et je suis sure que ce répertoire conviendrait parfaitement à l’orchestre Simon Bolivar.
    Ce serait trop beau

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