Désolant/Dramatique

Glaciers en danger de mort

Fonte des glaciers dans la Sierra Nevada de Mérida

Rares sont ceux qui savent que la Cordillère des Andes commence (si on part du nord) ou se termine (si on part du sud) au Venezuela. Plus rares encore sont ceux qui imaginent que le pays possède des glaciers. C’est pourtant le cas sur les quelques sommets de la Sierra Nevada de Mérida qui culminent à plus de 4800 mètres d’altitude.

Tout au moins, c’était le cas. Car nous assistons ici, en direct, à la mort inexorable des glaciers. Il n’en reste plus qu’un digne de ce nom, celui des pics Bonpland et Humboldt, culminant à 4945 m (il a cependant perdu 87 % de sa superficie depuis 1952). Ceux des pics Bolívar (4978 m) et La Concha (4922 m) ont disparu totalement ou presque. Je les voyais encore de ma fenêtre il y a une vingtaine d’années.

Les cartes ci-dessus présentent une simulation dans le temps du retrait des glaciers dans la Sierra Nevada de Mérida. Comme on le voit, l’évolution est particulièrement flagrante de 1910 à 2003. Sur le terrain, cela donne ceci :

Glacier du Pic Bolívar en 1910 (à gauche) et en 2006 (à droite)

Certes, tout n’est pas attribuable au réchauffement climatique global. Il existe des macro-phénomènes qui expliquent les cycles de glaciation, telles que les variations de l’activité solaire, de l’orbite de la Terre autour du soleil et de l’inclination de l’axe de rotation de la Terre. On estime ainsi que les glaciers andins ont atteint leur extension maximale il y a 18.000 ans, avant même que l’homme ne peuple la région. Plus proche de nous, il y eut un petit âge glaciaire vers 1650-1700, en pleine époque coloniale. Toutefois, à partir du début du XIXe siècle, tous les témoignages concordent : les glaciers sont en recul.

Depuis une quarantaine d’années, le phénomène s’accélère de façon drastique. Malgré les dernières réticences de quelques scientifiques qui répondent aux ordres d’entreprises n’ayant aucun intérêt à ce que la vérité se sache, il ne fait maintenant plus aucun doute que ce réchauffement a aussi et surtout des causes humaines.

Aux avant-postes

Concrètement, en ce qui concerne les glaciers de Mérida, les faits parlent d’eux-mêmes : la ville, située au pied de la cordillère, à quelques kilomètres à vol d’oiseau des glaciers, comptait 25.000 habitants en 1950. Elle en compte actuellement 300.000. Durant la même période, le nombre de véhicules crachant du CO2 s’est multiplié de façon exponentielle, de même que les immeubles et les aires bétonnées. Parallèlement, la déforestation s’est accentuée, seulement limitée par la présence de parcs nationaux de part et d’autre de la ville. En clair, la chaleur produite par les activités urbaines montent jusqu’à la Sierra, précipitant la fonte des glaciers. Plus évident que cela, tu meurs.

À Mérida, nous sommes donc aux avant-postes du phénomène. Nous nous trouvons sous les tropiques, entourés de montagnes qui culminent à moins de 5000 mètres. Un lieu « privilégié » pour assister non seulement au recul des glaciers, mais aussi à leur disparition certaine. Le tout en temps presque réel.

De notre balcon d’observation, nous attendons patiemment la prochaine glaciation, ou mieux encore : la disparition de l’humain de la face de la Terre.

Sources :
Juan Rincón (et al.), Parques Nacionales del Estado Mérida, Mérida: FONACIT/Fundación Bioandina, 2007 (Les illustrations proviennent de cet ouvrage).
Carlos Schubert, Glaciers of Venezuela, 1999.
Jennifer N. Morris (et al.), Retreat of Tropical Glaciers in Colombia and Venezuela from 1984 to 2004 as Measured from ASTER and Landsat Images, 2005.
Photos de la Sierra Nevada de Mérida sur Pleine vue sur le pic Bolívar.

2 réflexions sur “Glaciers en danger de mort

  1. La même sensation d’impuissance et de rage devant tant d’insouciance collective m’avait saisi en voyant, au fil des ans, les glaciers de Bolivie (Chacaltaya, à 5400 mètres, notamment), se réduire à des petites tâches de souvenir…
    UN désastre qui est totalement ignoré des autorités vénézueliennes, qui incitent à une hyper consommation pétrolière, avec un prix à la pompe parli les plus bas du monde, des subventions à la bagnole pour tous etc.
    Même pas un Socialisme du 19 ème siècle, industrialiste et productiviste…
    Patxi

  2. Article passionnant moi qui suis férue de géo j’apprécie particulièrement cette planche graphique (ou l’avez-vous trouvez ?) est particulièrement éloquente.
    Quand je suis montée en 2007 au pic espejo comme n’importe quel touriste de base, je n’est fait que ressentir comme un condensé de Venezuela a prés de 5000 mètres d’altitude.
    Le beau le merveilleux, ce pays magnifique que dis je majestueux, et il m’en reste encore à découvrir, une fois arrivée a l’extérieur quel vue superbe le bolivar nous surveillant derrière le Bonpland et au loin l’émouvant Humboldt avec sa petite coiffe blanche.
    Tout cela une fois la haut côtoyant les cimes invites a quitté ce monde de fou et de cheminée au milieu de cette beauté minérale, l’air frais le souffle coupé, le retour vers la civilisation de la bruyante cafétéria de la station n’est que plus douloureux.
    Le mauvais , le Venezuela qui s’en fou  issue d’une population peut être mal éduquée ont pourra expliquer cela comme ont le veut mais c’est toujours aussi navrant dans une cafétéria bondé d’une bonne centaine de personne j’étais le seul a m’intéresser aux quelques tableau éducatifs sur l’histoire du glacier le poster des pics de la sierra , la faune ….désolant, les vénézuéliens de base étant plus occupé a acheter leur barre chocolaté ou paquet de « platanitos » s’empressant d’aller dehors et de laisser tout leur détritus sur se site splendide qui devrais être et rester immaculé a jamais.
    Cette insouciance écologique fait mal au cœur, bien sur la fonte du glacier n’est pas seulement du au peuple vénézuélien (la vue des photos a la cafétéria sur la dégradation du glacier et sa disparition en 2001 m’a beaucoup émue, voir commotionné quel grande peine, j’avais beau expliquer a mes amis vénézuélien la grande perte que cela représentait, mais il semblait comme non concerner ou ne saisissait pas l’importance de la chose  ).
    Les inondations de Vargas en 1999 sont issues de cette même insouciance écologique les deux flancs de la cordillère orientale aurait du être protéger en parc national, car les pluies diluviennes n’ont provoqué des inondations que sur le flanc de la montagne qui avait été déboisée anarchiquement, du coté du parc del Avila, la forêt étant quasi intact celle-ci jouant sont rôle de rétention d’eau et du pouvoir d’absorption des racines des arbres.
    Dans l’autre flanc, le déboisement intensif n’a fait que rendre encore plus friable le terrain provoquant la catastrophe que nous connaissons tous, qu’as t’il était fait depuis cela ?
    J’ai bien peur de la réponse.

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