Insolite

Ailes de poulet : attention, homosexualité!

Ailes de pouletUn ami vénézuélien me dit que s’il y a autant d’homosexuels au Venezuela, c’est parce qu’ils ont mangé trop d’ailes de poulets. L’explication me semble un peu courte. Certes, comme tout le monde, j’ai entendu parler du poulet aux hormones et de ses possibles effets nocifs pour la santé. J’ai moi-même plaisanté sur le sujet: « merci bien, assez de poulet pour aujourd’hui, je ne voudrais pas me voir grossir les seins ». Ce qui ne m’empêchait pas d’en redemander le lendemain…

Mais les ailes de poulet? Pourquoi cette partie si spécifique de la physiologie du poulet? Les fameuses hormones s’y concentreraient-elles? En vertu de quel principe? J’avoue avoir été abasourdi par cette déclaration, dont les bases scientifiques me paraissent pour le moins ténues (si je me trompe, faites-le moi savoir).

Ce qui m’a encore le plus abasourdi, c’est la relation faite avec l’homosexualité. Alors là, franchement, cela dépasse tout entendement! Toutefois, en allant plus au fond des choses, on s’aperçoit qu’un tel amalgame n’est pas tellement étonnant au Venezuela, où l’homosexualité se porte vraiment très mal en public. Si elle est parfois tolérée pour les artistes (les danseurs en particulier), en revanche pour le commun des mortels, il s’agit d’une maladie honteuse qu’il faut à tout prix dissimuler, y compris dans sa propre famille.

Gros fantasme
Disons-le tout net : l’homosexualité reste un gros fantasme pour la toute grande majorité des Vénézuéliens, quel que soit leur sexe, leur classe sociale ou leur âge. Elle met mal à l’aise et provoque les réactions les plus vives ou les blagues les plus salaces. Facile dès lors de tomber dans l’irrationnel : manger des ailes de poulets favorise l’homosexualité… La rumeur fait le reste et le mythe urbain, peu à peu, prend corps. Car, à la suite d’une courte enquête, je me suis en effet aperçu que l’image homosexualisante des ailes de poulet était très répandue dans le pays (et sans doute ailleurs en Amérique latine, c’est à vérifier). On me raconte par exemple qu’il n’est pas rare qu’une mère prive son fils de poulet pour s’assurer qu’il ne devienne pas homosexuel –ce qu’elle considérerait comme une déchéance et un cuisant échec pour elle-même.

Les ailes de poulet ne sont donc qu’une expression de cette grande peur qui anime nombre de Latino-Américains (mais pas seulement eux, soyons justes) : « Pour rien au monde, je ne voudrais devenir homosexuel » ou encore « Faites que mon fils ne tombe pas dans l’homosexualité ». Faut-il rechercher les causes de ce fantasme dans une application stricte de la morale normative judéo-chrétienne? Peut-être, encore qu’on puisse douter de la force de cette morale lorsque beaucoup d’aménagements sont pris par ailleurs avec la religion catholique. Serait-ce alors un ultime réflexe de défense ou de survie du macho? Difficile de se prononcer, mais remarquons tout de même que c’est surtout l’homosexualité masculine, et non tellement la féminine, qui s’avère être un réel problème de société.

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