J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de Pascale de Robert, anthropologue française auteure d’un ouvrage très intéressant sur les paysans des Andes vénézuéliennes, intitulé Apprivoiser la montagne. Elle y décrit en détail la vie des derniers « gens du blé », les petits paysans qui continuent à cultiver cette céréale dans le hameau d’Apure. C’est là-haut que se trouve la dernière frontière agricole, au fin fond de la vallée du río Nuestra Señora et au pied de la Sierra Nevada (photo ci-dessus).
Cette vallée fut longtemps productrice de blé. Les Espagnols avaient trouvé là un climat suffisamment froid et suffisamment sec pour la culture de « leur » céréale, les Amériques ne connaissant que le maïs. De cette région, le blé s’exportait à dos de mulets et par voie maritime vers les grandes Antilles, Hispaniola et Cuba. Aux 17e et 18e siècles, les Andes du Venezuela constituaient donc le grenier à blé des colonies espagnoles.
Vestiges
De cette culture implantée par le colonisateur, il ne reste quasiment plus rien, si ce ne sont quelques vestiges d’une époque révolue : d’anciennes haciendas désaffectées, quelques aires de battage du blé et quelques moulins actionnés à l’eau. Actuellement, le blé, très exigeant pour les terres et important facteur d’érosion, n’est plus cultivé que sur des petites parcelles, et presqu’exclusivement pour un usage familial.
Pascale de Robert est donc partie à la recherche de ce qui subsistait de cette « culture du blé » (au propre et au figuré). De cette recherche, elle a fait sa thèse de doctorat, dont elle a tiré l’ouvrage cité plus haut. C’était il y a une quinzaine d’années. Puis, devenue chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), elle s’est dirigée vers d’autres horizons, en particulier l’Amazonie brésilienne. Avec les indiens de l’ethnie Kaiapo, elle a passé beaucoup d’années et échangé nombre de savoirs.
Mais elle n’a pas oublié les Andes du Venezuela. Pour preuve : en mars dernier, elle a participé au séminaire qu’organise Philippe Descola au Collège de France, sur le thème Approches anthropologiques du paysage. L’intervention de Pascale portait sur Les jardins du Paramo : variations paysagères dans les Andes du Venezuela.
Le titre pourrait vous paraître énigmatique. Mais Pascale, en bonne anthropologue, entre littéralement dans la vie des autres et parvient à nous faire partager leur vision du monde. Jugez-en vous même : voici l’enregistrement intégral de sa conférence, précédée d’une présentation par Philippe Descola :
[audio http://www.logozz.com/audio/les_jardins_du_paramo_pascale-de-robert-20130321.mp3|titles=Pascale de Robert – Les jardins du paramo|animation=no]- Pascale de Robert, Apprivoiser la montagne. Portrait d’une société paysanne dans les Andes (Venezuela)
, IRD éditions, Paris, 2001. Voir de larges extraits sur Google Livres.
merci pour ce document super intéressant . Ma foi , pour le moment , on est bien loin de ces hauteurs . ( accaparé par le boulot et les réunions ) .
A propos de frontière , il y a un phénomène communs aux continents africain et sud américain c’est la frontière chimique dans les eaux / conjuguée à un mélange d’eaux chimiquement différentes et à chaque fois on a des poissons de la même famille ( les Cichlidae) tout à fait remarquable . La différence c’est que le rio Negro ( qui avant d’être affluent de l’Amazone fut le principal fleuve car la surrection des Andes a inversé les flux) est hyper acide tandis que le Tanganyika est super alcalin et est un lac de rift .
Il y a donc une sorte d’asymétrie géologique entre les 2 contients .
Gracias Jean-Luc por el enlace del libro de Pascale de Robert.
Excelente presentacion, me agrada escuchar esos nombres de lugares tan « gochos », presentados en el Collège de France… Me hicieron volar hasta alla y recordar momentos agradables.
Justamante estaba buscando un regalo especial y lo he encontrado: el libro de Pascale Robert 😉
Me di un paseito por la web del Collège de France y encontre varios audios interesantes (hasta videos hay), pero una cosita me sorprendio: debajo de cada audio hay un patrocinante: Fondation Bettencourt Schueller… oouuppsss
Effectivement, des noms « gochos » (pour les non-initiés, signifie « des Andes vénézuéliennes ») au Collège de France, cela pose son homme.
Je me suis mis aussi à fouiner parmi les cours du Collège de France (audio et vidéo) et c’est vraiment une mine d’or. On aurait tort de faire la fine bouche.
Quant à l’argent de la Fondation Bettencourt, soyons positifs : il vaut mieux qu’il se dirige vers le Collège de France plutôt que vers les paradis fiscaux 😉