Chávez encore… C’est seulement maintenant que je découvre un article de Georges Couffignal publié le 20 novembre de l’année dernière dans Telos. Le titre est peu raccoleur et pas vraiment engageant : Mais qui est donc Hugo Chávez? (Pour la petite histoire, il ne s’agit probablement pas du titre original original de l’article, comme semble l’indiquer l’URL. Que s’est-il passé là?).
Le contenu de l’article, lui, se révèle franchement intéressant. Georges Couffignal, professeur de sciences politiques à l’université Paris 3 et chercheur à l’Institut des hautes études d’Amérique latine, y décrit notre cher prési comme « un caudillo assez classique, doté d’une belle éloquence et d’un fort charisme, qui a parfaitement compris l’importance des moyens modernes de communication de masse et qui s’inscrit dans trois registres de la plus pure tradition latino-américaine. » Puis de citer ces trois registres : le passage du coup d’état aux urnes, le registre militaire et l’appel au peuple.
Georges Couffignal explique ensuite ce que fait Hugo Chávez du pouvoir qu’il a conquis:
- Il utilise les leviers de l’État pour en faire l’instrument direct de sa politique
- Il surfe sur l’anti-américanisme latent demeuré très vivace dans les populations de l’ensemble du continent
- Il tente d’élaborer une politique étrangère nouvelle en utilisant les ressources que lui procure la manne pétrolière
L’auteur examine ensuite ce que fera Hugo Chávez dans les années qui viennent, tant à l’interne qu’à l’international. Aucune révélation ici, mais une vision contextualisée.
Conclusion du professeur :
Ni dieu ni diable : gardons-nous de prédire tous les maux au Venezuela, ou d’être béats devant un « socialisme » du XXIe siècle très flou en devenir, c’est-à-dire de l’observer avec notre regard européo-centré toujours prompt à se focaliser sur des ailleurs. Chavez n’a rien d’un dictateur à la mode hélas courante des pays d’Asie ou du proche et Moyen Orient avec lesquelles nous commerçons sans états d’âme. Il a redonné sa dignité à une partie de son peuple mais il n’a rien d’un prophète et ses politiques publiques internes ou externes sont de portée limitée. Il est un dirigeant parmi d’autres en Amérique latine, un dirigeant qui n’est certainement pas celui qui compte le plus si l’on projette l’avenir de cette région dans le futur…
Bref, voilà –enfin!– une vision équilibrée du personnage Chávez et de sa politique. Bon connaisseur de l’Amérique latine, Georges Couffignal resitue le personnage dans une perspective élargie que ni la grande presse, ni les blogueurs (sauf exceptions rarissimes), adoptent généralement. Désigner Hugo Chávez comme un caudillo assez classique ou un dirigeant parmi d’autres en Amérique latine est pour le moins décapant!
Grâce à cette hauteur de vue proprement inhabituelle, l’article n’a pris aucune ride, plus de quatre mois après sa publication. C’est que le texte de Georges Couffignal ne fait ni dans le scoop, ni dans l’anecdote. Il tente au contraire de gratter sous la surface des choses. Je vous laisse lire le tout en détail.
Les grands débats de Telos
Du reste, cette recherche de profondeur dans l’analyse de l’information est la caractéristique principales de Telos, « agence intellectuelle regroupant universitaires et professionnels, qui aspire à répercuter sans esprit partisan les grands débats mondiaux. »
On peut titiller sur ce qualificatif bizarroïde d’« agence intellectuelle ». Mais je vous invite à suivre Telos de plus près, vous y trouverez des points de vue inédits sur les grands débats du moment. Par exemple, cet article récent sur Obama et la question raciale.
Bonjour,
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez certainement celui-ci aussi :
http://socialisme.free.fr/cps24_venezuela.htm (la seconde partie est bien aussi).
Cet article m’a fait du bien, comme à vous : difficile de trouver de l’objectivité entre pro et anti chavez, et cet article présente un bilan poussé et critique des 8 premières années de Chavez au pouvoir.
L’article proposé n’est pas inintéressant. Dommage cependant qu’il soit contaminé par des considérations sectaristes qui ont peu à voir avec le sujet principal.