Après de longues semaines d’absence de ce blogue (vacances obligent), me voici de retour. Avec un tout beau chiffre : venezueLATINA vient de franchir la barre fatidique des 100.000 visiteurs, ce qui, sur tout blogue qui se respecte, mérite festivités et autofélicitations.
Je n’irai pas jusque là. Le constat que j’avais fait lors des 50.000 visiteurs reste fondamentalement le même et mon article d’il y a presque deux ans Au pays des seins siliconés continue à caracoler largement en tête du hit parade du blogue (6746 vues contre 3873 pour son second). Conclusion : l’intérêt pour les seins siliconés ne tarit décidément pas de par le monde !
Pour ce retour, m’inspirant du Charlie Hebdo de la grande époque qui proposait systématiquement « Les couvertures que vous avez manquées », je vous ai concocté un petit pot-pourri sur le thème « Les billets que vous avez manqués ». Voyons voir.
Y’a plus de suspense dans l’Univers!
Le 23 août, la vénézuélienne Dayana Mendoza, Miss Univers 2008, couronne la vénézuélienne Stefania Fernández Miss Univers 2009. Les années se suivent et se ressemblent. Le suspense est mort. Et pour ceux qui en douteraient encore, crise ou pas, l’usine vénézuélienne à fabriquer des misses continue à fonctionner à plein rendement. Comme le dit Gael dans son blogue : « Alors pourquoi tant de couronnes ?! Simple: Miss France et Miss Venezuela ne jouent pas dans la même cour. Y’a une sacrée différence entre une jeune fille recrutée dans une discothèque pourrie au fin fond de la Creuse et une jeune fille qui, depuis qu’elle a 4 ans, a toujours rêvé d’être quelqu’un grâce à un concours de beauté. » Petit frisson de fierté supplémentaire : Stefania vient de Mérida, la ville où j’habite. Elle est la preuve vivante que l’on peut conquérir l’univers depuis ce petit coin des Andes !
La nouvelle loi sur l’éducation fait couler plus d’encre qu’il n’en faut !
Situation tendue et manifestations en tous sens dans le pays à propos de la nouvelle loi sur l’éducation qui a été adoptée le 14 août par le congrès vénézuélien. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat, cependant. Comme le signale Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, « la loi sur l’éducation adoptée par le Venezuela est une loi laïque« . Mais c’en est trop pour les opposants qui y voient avant tout l’interdiction de la religion à l’école, ô horreur! La perspective d’une éducation non élitiste telle que proposée par la loi perturbe également les élites, bien évidemment. Jean-Jacques Kourliandsky explique : « Il y a de la part de certaines élites traditionnelles du Venezuela comme dans d’autres régions de l’Amérique latine une suspicion à l’égard de tous ceux qui veulent donner une impulsion plus sociale à la politique. Pour tout gouvernement qui souhaite gérer le pays à l’européenne, il y a une accusation immédiate de totalitarisme, de communisme. » Comme d’habitude, c’est la boursouflure du langage, dans les deux camps, qui s’impose. Avec les risques de dérapage que cela implique. Pour remettre quelques pendules à l’heure sur la nouvelle loi, lisez l’article Mr. Langellier prend un aller simple pour le pays des soviets, par Thierry Deronne et consorts.
La guerre des médias continue de plus belle
Selon Martine Gozlan (qui titre hardiment Hugo Chávez vire –vraiment– autocrate dans Marianne), le gouvernement vénézuélien a fermé une trentaine de radios. En fait, la CONATEL –le CSA vénézuélien– a révoqué légalement des concessions périmées ou acquises frauduleusement et compte attribuer les fréquences à des radios communautaires. Dans L’Express, Axel Gilden n’est pas en reste : « Le Venezuela est devenu, sous Chávez, une autocratie gérée comme une hacienda. La pauvreté n’a pas reculé. La criminalité a explosé. Les emprisonnements politiques arbitraires se multiplient. Les atteintes à la liberté d’informer sont devenues la norme. La guérilla « bolivarienne » des Farc (coupable de crimes odieux et d’enlèvements par centaines) compte sur l’appui déclaré du président « bolivarien » ». En trois phrases, tous les poncifs sont là. Bel esprit de synthèse ! Ces exemples confirment que la guerre médiatique n’est pas près de se terminer et devient un véritable enjeu –non seulement au Venezuela, mais jusque dans les plus belles démocraties du monde. Voici quelques textes à lire pour décrypter cette nouvelle guerre contemporaine :
- La bataille populaire pour démocratiser le « latifundio » des ondes
- Martine Gozlan et Axel Gylden bétonnent la langue de bois sur le Venezuela
- Les médias, une arme de destruction massive
- Les latifundia de l’information
Hugo Chávez fait son cinéma à Venise
À la Mostra de Venise, Oliver Stone présentait son dernier film, South of the Border, un documentaire qui est une sorte de road movie politique sur le renouveau socio-politique en Amérique Latine. Hugo Chávez en est évidemment l’un des protagonistes, aux côtés de sept autres présidents progressistes d’Amérique latine. Ne faisant ni une ni deux, le président vénézuélien a débarqué presque sans avertir à Venise et s’est transformé en star d’un soir, dans un festival par ailleurs réputé pour être le plus politisé de tous. Un reportage du quotidien mexicain El Universal illustre parfaitement l’événement :
Quant au film lui-même, en voici la bande-annonce, qui vous donnera une idée de son contenu :
Hugo Chávez plaisante avec le roi Juan Carlos
« Tiens, tu t’es laissé pousser la barbe comme Fidel Castro ! ». C’est ainsi que Hugo Chávez s’est adressé au roi d’Espagne, lors de l’étape madrilène de son récent tour d’Europe. Après le célèbre ¿Porqué no te callas? [Pourquoi tu ne la fermes pas?] lancé par un Juan Carlos exaspéré à Chávez lors d’un sommet ibéro-américain à Santiago, le moins que l’on puisse dire, c’est que les relations entre les deux hommes se sont améliorées. Et pour cause : la compagnie pétrolière espagnole Repsol vient de découvrir un énorme gisement de gaz au large des côtes vénézuéliennes. Il y a donc de bonnes affaires à développer ensemble. C’est amplement suffisant pour justifier une réconciliation entre le roi et le président. Les milieux d’affaires applaudissent.
Hugo Chávez (encore lui) déclare son amitié pour Sarkozy
Dans une interview exclusive au Figaro publiée le 9 septembre, Hugo Chávez dévoile l’état de ses relations avec la France : « Avec l’ancien président Chirac, j’avais d’excellentes relations sur le plan personnel, mais aussi au niveau politique et économique. Avec le président Sarkozy, nous avons continué. Il est devenu mon ami. C’est un homme étonnant. Un jour, il m’a dit en plaisantant : « Tu es l’ami de Fidel Castro, je suis l’ami de Bush. À nous deux, nous pouvons être les maîtres du monde. » Plus sérieusement, nous sommes de bons amis, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois. Il y a un potentiel important de coopération en matière pétrolière. »
Au delà, le président vénézuélien parle dans cette interview de ses relations avec l’Iran (« Je suis effectivement ami avec le président Ahmadinejad. Je suis son allié. Je le remercie d’ailleurs pour les transferts de technologie de l’Iran au Venezuela. Nous avons signé un nouvel accord la semaine dernière à Téhéran. L’Iran a le droit de développer son énergie nucléaire comme le font la France, de nombreux pays et le Venezuela, pourquoi pas »), avec Obama (« À la main tendue de Barack Obama, j’ai offert la mienne. Je lui ai dit, comme je l’avais fait avec George Bush, « je veux être votre ami ». Nous avons parlé et je lui ai offert un beau livre sur l’Amérique latine. Malheureusement, l’arrivée d’Obama a entraîné beaucoup d’espoir, mais peu de changements. (…) Je pense que le président Obama devrait réfléchir à ce que lui a proposé aussi bien le président brésilien Lula que la présidente argentine Kirchner : la mise en place d’un grand plan Marshall en faveur de l’Amérique latine »), du Proche-Orient (« Je reconnais le droit d’Israël à vivre, comme celui de tous les autres pays. Ils ont tous les mêmes droits, y compris le futur État palestinien. Mais Israël doit respecter ce principe d’autodétermination pour les Palestiniens. »).
Hugo Chávez (toujours lui) annonce l’achat de missiles russes « qui ne ratent pas leur cible »
De retour de Russie, où il a rencontré ses compères Medvedev et Poutine –et reconnu, au passage, les républiques d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie–, Hugo Chávez relate à son bon peuple, du haut de son balcon du palais de Miraflores, les résultats de son voyage. il annonce en particulier l’achat de missiles russes « qui ne ratent pas leur cible » :
Tout cela est à replacer dans le cadre du réarmement de plusieurs pays d’Amérique Latine et en particulier du droit accordé par la Colombie aux États-Unis d’utiliser six de ses bases militaires. Voici quelques articles récents pour situer cela dans son contexte :
- Chávez contre les bases américaines en Colombie (Latinreporters)
- Course aux armements en Amérique latine ? (Le Monde)
- La Russie met le pied au Venezuela (Libération)
- Les accords militaires sèment la zizanie en Amérique latine (Le Figaro)
Tout cela nous mène loin de Stefania Fernández par qui j’avais commencé ce billet. Pour clore cette revue sur un ton plus léger, je reviens sur elle avec une photo rétro assez inattendue, qui nous fera peut-être réfléchir sur le concept de beauté :