Politiquement incorrect

Petit matin référendaire

Petit matin

2 décembre. Jour du référendum sur la réforme constitutionnelle au Venezuela.

Au petit matin, dès 4 heures, des détonations soutenues ont résonné dans le barrio Santa Ana Norte, à côté de chez moi. Des coups de feu? Dans mon demi-sommeil, j’ai même pensé : « Serait-ce le barrio qui prend les armes pour défendre son président? Ils ne vont tout de même pas tenter un coup d’État le jour même du référendum! ».

Voilà ce qu’on peut s’imaginer, à moitié endormi, dans ce pays chargé de toutes les tensions, qui se trouve devant un enjeu de taille : le Venezuela sera-t-il un pays socialiste demain matin?

En réalité, il ne s’agissait pas de coups de feu, mais de gros pétards artisanaux lancés depuis un mortier, tels que ceux qu’on utilise dans toutes les fêtes populaires du pays (je vous en donnerai un jour la recette). La raison de ce tintamarre? Les partisans du président (et du OUI) rameutaient leurs troupes, les incitaient à se lever pour aller voter au plus tôt et se porter comme témoins dans les bureaux de vote. Indirectement, c’était aussi une façon de dire à tout ce monde endormi, chaviste et antichaviste : « on est là et on est forts! » Il vaut mieux le dire en faisant du bruit…

Anormalement calme

Neuf heures du matin : la ville est anormalement calme. Chacun va religieusement voter : parfois selon sa conscience, mais le plus souvent par calcul, pour réaffirmer (OUI) ou inverser (NON) le rapport de forces existant. Car, finalement, sur fond de constitution, il s’agit d’un véritable plébiscite pour ou contre Chávez –ainsi que ce dernier l’a lui-même fait comprendre.

Les sondages annoncent un résultat serré, mais ceux-ci sont traditionnellement peu crédibles au Venezuela : ils donnent (imparfaitement) le pouls des villes mais non celui des campagnes. Comment sonder un petit paysan qui vit en quasi autarcie, ne possède pas le téléphone, mais qui votera plus que certainement OUI?

Le danger du lendemain matin

Le danger n’est pas aujourd’hui. Le danger est demain, à cet autre petit matin qui verra s’afficher les résultats. Déjà, en se basant sur certains sondages qui leur sont favorables, des dirigeants de l’opposition n’acceptent tout simplement pas l’idée qu’ils peuvent perdre. Irresponsabilité totale! Ils annoncent ouvertement que, si le OUI l’emporte, c’est que le pouvoir a mis en place une fraude massive. Que, par conséquent, la réforme constitutionnelle n’est qu’une forme de coup d’État et que cela justifie une réponse massive du NON dans la rue, pour défendre les « vraies » valeurs démocratiques (voir par exemple le billet de William Dávila Barrios, ex-gouverneur de l’état de Mérida, dans le quotidien Frontera du 26 novembre 2007).

Tout cela donne froid dans le dos…

Suite ce soir et demain, à l’écran… ou dans la rue?

Une réflexion sur “Petit matin référendaire

  1. Si Chavez perdait se serai la preuve qu’il est vraiment démocrate non :). Bon apparemment il va gagner.
    Cette fois il y avait des observateurs étrangers pour contrôler le vote? Je me souviens que l’affirmation de Carter en aout 2004 que le vote avait été plus honnête qu’en Floride, avait bien aidé Chavez.

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